Artsakh : entretien avec Hovhannès Guevorkian, Représentant de la République d’Artsakh en France

KORNIDZOR, ARMÉNIE – 26 SEPTEMBRE : Une famille traverse les voitures garées en attendant de visiter les tentes de la Croix-Rouge arménienne le 26 septembre 2023 à Kornidzor, en Arménie.  (Photo by Astrig Agopian/Getty Images)

Où en sont les négociations et le cessez-le-feu au Nagorno-Karabakh et qu’en attendez-vous ? Quels sont les risques pour la population ?

Il n’y a pas de cessez-le-feu ni de négociations. L’Azerbaïdjan a annexé de force l’Artsakh. Restées seules face à la puissance militaire de la dictature azerbaïdjanaise, les forces d’autodéfense d’Artsakh ont fait acte de reddition en déposant les armes. L’Azerbaïdjan ne s’arrête pas pour autant étant vainqueur. Il est inutile de parler des risques. L’exode de la population d’Artsakh a commencé. Exode forcé car la population fuit les atrocités des soldats azerbaïdjanais. On est face à un nettoyage ethnique.

 

Quelle est la situation humanitaire au Nagorno-Karabakh/Artsakh et que faut-il faire selon vous pour secourir la population ?

On ne peut plus parler de situation humanitaire au Haut-Karabagh dans la mesure il n’y aura plus de population arménienne sur place bientôt. Il faut dans ces conditions se concentrer sur les besoins de cette population qui trouve refuge dans la République d’Arménie. Il faudra trouver des abris, subvenir à leurs besoins premiers et surtout réfléchir à leur intégration pour éviter qu’en tant que réfugiés, ces personnes ne deviennent cible de l’exutoire de la haine.

 

Dans ce contexte de crise et de danger extrême, qu’attendez-vous de la communauté internationale (ONU, UE, Russie, France, USA, etc.) ?

L’Artsakh, en tant que formation collective, a été conquis par l’Azerbaïdjan. Aucun Etat, aucune structure internationale ne s’est engagé à prévenir l’emploi de la force et l’épuration ethnique des Arméniens qui en résulte. Non pas parce que les mécanismes de prévention n’étaient pas performants mais parce qu’il y a eu défaut de volonté politique contre le projet déclaré d’une oblitération du Haut-Karabagh. Sur ce point ces acteurs se valent. C’est une tendance dangereuse car elle peut générer dans le monde le sentiment qu’on peut résoudre les problèmes par la force sans égards pour les moyens employés, tel un crime international qu’est le génocide.

Après cette agression militaire de l’Azerbaïdjan au Nagorno-Karabakh, pensez-vous que l’Arménie soit maintenant en sécurité ?

Non, la désarménisation du Haut-Karabagh brise l’Arménie. Il est difficile de croire aux assertions, soient-elles faites d’un ton affirmé et certain, que cette amputation de l’Arménie sert à renforcer celle-ci. D’autant que les forces œuvrant à cette amputation le font motivées précisément par l’affaiblissement de l’Arménie et non pas par son renforcement.

 

 

Hovhannès Guévorkian

Depuis 2003, la République d’Artsakh en France est représentée par M. Hovhannès Guévorkian. M. Guévorkian est est né le 22 février 1974. Il est marié et père de trois enfants.

En 1996, il est sorti diplômé de la faculté de Relations internationales de l’Université d’État d’Erevan en Arménie. En 2001, il a obtenu obtient le DEA de Sciences politiques et de Relations internationales de l’Université Paris 2 Panthéon Assas.

Entre 1996 et 1998, M. Guévorkian a travaillé au sein de différentes organisations internationales en Arménie et en Artsakh. En 1998, il a été titularisé au ministère des Affaires Étrangères de la République d’Artsakh. Avant sa prise de fonction comme Représentant de la République en France, il a occupé la fonction d’adjoint à ce poste.

 

 

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