Aperçu de la situation humanitaire mondiale 2024 – OCHA

Le rapport annuel du Bureau des Nations Unies pour la coordination humanitaire (OCHA) sur la situation humanitaire mondiale analyse les besoins humanitaires à l’échelle mondiale, offrant une vue d’ensemble des tendances, des défis et des besoins prioritaires. En aidant les décideurs, les organisations humanitaires et les bailleurs de fonds à comprendre et à répondre aux crises les plus pressantes, ce rapport établit une base cruciale pour la formulation des appels de fonds de l’OCHA, démontrant ainsi le lien essentiel entre la compréhension approfondie des besoins humanitaires et les actions concrètes nécessaires pour y répondre. Le rapport rend également compte des réalisations de l’année précédente.

Le dernier aperçu de la situation mondiale humanitaire, publié le 1er décembre 2023, présente un bilan de l’année 2023 ainsi que les objectifs et perspectives pour l’année 2024.

I. Appel 2024 – contexte humanitaire

Chiffres et contexte

Ce nouveau rapport est publié dans un contexte humanitaire mondial particulièrement complexe. Les chiffres révélés témoignent de situations alarmantes : un enfant sur cinq vit dans une zone de conflit ou est contraint de fuir. Le nombre de personnes déplacées est actuellement à son niveau le plus élevé du siècle, avec une personne sur 73 forcée de quitter son foyer, principalement en raison des conflits et catastrophes climatiques. Par ailleurs, la prévalence de l’insécurité alimentaire aiguë touche 58 pays à travers le monde, exposant 258 millions de personnes à des conditions de vie précaires. Les épidémies de choléra demeurent un défi majeur de santé publique, signalées dans 29 pays, mettant en danger la vie de nombreuses communautés vulnérables. Ces chiffres témoignent de l’ampleur et de la gravité des défis auxquels sont confrontées les populations les plus vulnérables à travers le monde, nécessitant une action humanitaire urgente et coordonnée.

L’appel de fonds pour 2024

Cette année, l’aperçu de la situation humanitaire mondiale identifie 299,4 millions de personnes nécessitant une forme d’assistance humanitaire, un chiffre inférieur à celui de 2023, où le nombre de personnes dans le besoin s’élevait à 363,2 millions à la fin de l’année. L’objectif établi est d’apporter une aide à 180,5 millions de ces personnes, ce qui représente environ 60% du nombre total de personnes dans le besoin. Le montant de l’aide financière pour parvenir à ces objectifs s’élève à 46,4 milliards de dollars.

Une diminution du nombre de personnes dans le besoin

En dépit de ces données préoccupantes, une tendance positive émerge : le nombre de personnes identifiées comme étant dans le besoin cette année est en déclin par rapport à l’année précédente. Cette amélioration peut être attribuée à trois facteurs clés, détaillés dans le rapport. Cette évolution suggère des avancées potentielles dans la réponse aux besoins humanitaires, mais elle souligne également l’importance d’analyser attentivement ces facteurs pour une compréhension approfondie du contexte.

  1. Interruption par plusieurs pays des plans/appels de fonds humanitaires. Quatre pays ont interrompu leurs plans humanitaires à la suite d’améliorations pour 2024 : le Burundi, le Kenya, le Malawi et le Pakistan.
  2. Améliorations de la situation humanitaire dans plusieurs pays. L’amélioration des crises, une assistance humanitaire considérable, ainsi que la réduction des dommages causés par les catastrophes naturelles sont autant de facteurs qui ont contribué à une amélioration de la situation humanitaire dans plusieurs pays. Le rapport cite, à titre d’exemple, la situation en Somalie et au Yémen.
  3. Nouvelle méthodologie pour l’analyse des besoins. Le Cadre d’analyse conjointe et intersectorielle (JIAF) 2.0[1] introduit et établit de nouvelles normes internationales pour évaluer et analyser les besoins humanitaires ainsi que les risques de protection à l’échelle mondiale.

II. Baisse du pourcentage des personnes ciblées en 2024

La diminution des besoins ne traduit pas nécessairement une amélioration.

La réduction des besoins ne doit pas automatiquement être interprétée comme une amélioration globale de la situation. La proportion de personnes ciblées parmi celles identifiées dans le besoin est actuellement à son niveau le plus bas (60%). Cette baisse s’explique par la nécessité de prioriser les besoins humanitaires les plus urgents, imposant ainsi des choix difficiles dans l’allocation des ressources. Cette année, l’objectif est d’établir des plans de réponse clairement définis et hiérarchisés, dans le but qu’ils soient entièrement financés. Cela permettrait de maximiser l’impact des actions humanitaires en répondant efficacement aux besoins les plus criants.

 

            L’appel à d’autres acteurs

« La situation est également un signal d’alarme. L’aide humanitaire ne peut être la seule solution ; nous devons partager la charge. » – Martin Griffiths[2]

L’année en cours met en lumière la reconnaissance croissante de la nécessité de collaborer avec d’autres parties prenantes pour répondre efficacement aux besoins humanitaires. Le rapport insiste à plusieurs reprises sur l’importance stratégique d’investir dans le développement afin de soutenir la trajectoire positive des pays ayant précédemment été touchés par des catastrophes. Cette approche met en avant la nécessité d’adopter une vision à long terme pour renforcer la résilience des communautés et prévenir les crises futures. En reconnaissant l’interdépendance entre le développement et l’action humanitaire, il devient essentiel de promouvoir des solutions durables et intégrées qui favorisent la reconstruction et la croissance économique, tout en répondant aux besoins immédiats des populations vulnérables.

III. Principaux plans de réponse 2024

Plans de réponse Humanitaire – 9 principaux pays :

(Classés par montant des besoins)

 

Plans de réponse Régionaux – 5 principaux pays :

(Classés par montant des besoins)

 

Plans d’intervention : Vue d’ensemble pour 2024 par région :

 

            Pour conclure,

Les perspectives pour l’année 2024 mettent en évidence la nécessité pressante de prioriser les situations les plus urgentes. La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord se démarque en tant que zone où les besoins sont les plus élevés, s’élevant à 13,9 milliards de dollars. Cette année, le Bureau des Nations Unies pour la coordination humanitaire (OCHA) lance également un appel aux acteurs du développement pour changer leur approche et orienter leur assistance vers les personnes les plus nécessiteuses. Une idée centrale est développée : en s’attaquant aux causes sous-jacentes des crises actuelles, telles que le réchauffement climatique et les conflits, on pourrait contribuer significativement à la réduction des crises humanitaires mondiales. Il s’agit d’un appel à une plus grande participation et collaboration de la part de tous les acteurs concernés.

L’avant-propos du rapport se conclut sur l’idée inspirante selon laquelle, bien que les défis soient immenses, une conviction persiste : « ensemble, nous avons le pouvoir d’inverser la tendance ». Cela souligne l’importance de l’engagement collectif et de la collaboration pour relever les défis humanitaires complexes qui se présentent en 2024.

 

[1] Pour en savoir plus sur le JIAF : https://www.jiaf.info/wp-content/uploads/2023/10/JIAF-2.0-Technical-Manual-French_Oct-12.pdf?_gl=1*oubfpy*_ga*MTQ1ODk1MjI4MC4xNjg1MDg0NjQ0*_ga_E60ZNX2F68*MTY5NzY0MjQ2Ni4xMy4xLjE2OTc2NDI0NjkuNTcuMC4w

[2] Avant-propos du Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies dans l’aperçu de la situation humanitaire mondiale 2024, Martin Griffiths

 

Rapport complet

 

Une synthèse rédigée par Betty Bianchini

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