L’Union Européenne ECHO et l’humanitaire

 

Entretien avec Pauline Chetcuti, présidente de VOICE

Pauline Chetcuti s’exprimant lors de la conférence de presse en marge du Forum humanitaire européen 2025. © DG ECHO

 

Alain Boinet : A la fin du mois de juillet, l’appel consolidé s’élevait à 45,84 milliards de dollars. A cette date, seulement 7,64 milliards de dollars étaient réunis, ce qui représente environ 40% de moins qu’a la même époque l’année dernière ! En conséquence, les Nations-Unies ont annoncé une réduction drastique de leur plan conduisant à une hyper-priorisation ciblant seulement 114 millions de personnes en danger sur les 310 millions identifiés, avec un budget de 29 milliards de dollars sans aucune garantie d’y parvenir. Qu’en penses-tu ?

Pauline Chetcuti :

Le constat est préoccupant : 40 % de moins que l’an dernier et seulement 17 % du montant demandé est effectivement réuni. Les conséquences seront dramatiques pour les communautés qui ont besoin d’aide.

Cette hyper-priorisation aura des effets très lourds. D’une part, des dizaines de millions de personnes resteront sans aide vitale, avec le risque de basculer dans une précarité accrue. D’autre part, elle risque de créer de nouvelles urgences qui auraient pu être évitées si ces populations avaient été prises en compte.

Elle pose également une question morale et éthique : comment peut-on « trier » ainsi des vies ?

Depuis des années, on travaille sur la question du triple nexus, sur la résilience et la prévention —tout ce qui dépasse la pure urgence. Or, avec cette hyper-priorisation on risque un retour à la seule logique d’urgence, plus coûteuse et génératrice de déséquilibres entre les populations.

Ce mouvement contribue ainsi à décrédibiliser le secteur humanitaire, en laissant de côté des populations, dans un contexte où la confiance des bénéficiaires comme des bailleurs est déjà profondément fragilisée.

Le Secrétaire général António Guterres prononce le discours d’ouverture du débat général de la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale. ©Nations Unies

Alain Boinet : Dans un contexte de crise de financement et d’affaiblissement du leadership des Nations-Unies, comment appréhender le projet UN 80 de réforme structurelle lancée par le Secrétaire général à l’occasion du 80ème anniversaire de l’ONU et, dans ce cadre, celui spécifique de l’Humanitarian Reset qui concerne d’une manière ou d’une autre l’ensemble des acteurs humanitaires ?

Pauline Chetchuti :

Évidemment, les coupes budgétaires rendent une réforme nécessaire, même si ce n’est pas nouveau puisque l’ONU se réforme par cycles depuis plusieurs années. Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte de crise où les budgets sont coupés, et la réorganisation proposée par UN 80 ainsi que le Humanitarian Reset sont menés en réponse directe à cette situation.

Le projet UN 80, c’est une réorganisation des entités onusiennes avec une meilleure coordination entre les piliers paix – développement – droits humains, ainsi qu’une simplification des mandats, avec potentiellement de grandes agences des Nations Unies regroupées entre elles.

Cette réforme répond donc à une double urgence : la baisse des financements et la perte de crédibilité du multilatéralisme.

Le Humanitarian Reset s’inscrit dans cette logique, avec un objectif de simplification, d’efficacité et de « rentabilité » du secteur. Il vise à recentrer les financements au plus près des pays, notamment via les country-based pooled funds d’OCHA, et met aussi l’accent sur la localisation. Sur le principe, la localisation n’est pas écartée, mais la manière dont elle sera mise en œuvre soulève des questions. Chez VOICE, nous travaillons précisément sur ces points, notamment sur l’importance de maintenir une diversité d’instruments et d’acteurs pour répondre à des contextes complexes et divers.

Il faut toutefois éviter de tout réduire à des aspects techniques. Le succès de ces réformes dépendra également de la volonté politique des bailleurs et de l’engagement des États. À nous, ONG et réseaux, de documenter les conséquences concrètes du Reset pour les organisations et de rappeler notre rôle fondamental et complémentaire dans l’écosystème humanitaire. Les ONG apportent une diversité essentielle, au plus près des contextes et d’une compréhension fine des besoins des populations. Il est donc crucial de s’assurer que tous les acteurs humanitaires soient pris en compte dans le Reset mené par Tom Fletcher.

Enfin, il faut préserver et surtout prioriser la mise en œuvre des acquis des réformes engagées depuis le Sommet humanitaire mondial et le Grand Bargain : la flexibilité des financements, la localisation, le partage des risques et l’allègement des exigences de reporting. On ne peut pas se permettre un retour en arrière.

Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA), lors d’une conférence de presse à Genève, le 3 décembre 2024. ©UNOCHA

 

Alain Boinet : Des gouvernements représentant diverses sensibilités politiques, au sein de l’Union Européenne et membres de l’OCDE notamment, sans parler des Etats-Unis, baissent considérablement leur aide humanitaire et au développement. Comment comprendre ces décisions, quelles en seront les conséquences possibles et que peuvent et doivent faire les acteurs humanitaires ?

Pauline Chetcuti :

La crise humanitaire est sévère actuellement, accentuée par les coupes américaines avec la fin de l’USAID, mais c’est aussi une tendance de fond depuis quelques années. Les raisons sont multiples mais on trouve tout de même certains points communs : repli national, recentrage sur les priorités internes, austérité budgétaire, inflation, dette publique. On observe parallèlement une hausse des dépenses militaires et une baisse des dépenses pour la coopération internationale.

S’ajoute une lassitude des bailleurs et une défiance envers l’aide, après le Covid, l’Ukraine, etc. De plus, il devient très difficile pour les États de continuer à défendre et à justifier ces investissements. En effet, il leur est compliqué de maintenir leur engagement lorsqu’ils ne peuvent pas en montrer des résultats immédiats et tangibles, dans une logique de réponse prioritaire aux besoins internes de leurs propres populations.

Par ailleurs, on a un leadership affaibli auprès des Nations Unies, malgré une augmentation énorme des services qu’ils rendent. Il y a vraiment une perte de vitesse et de légitimité des institutions multilatérales et qui sont évidemment poussées par certaines grands puissances (Chine, États Unis..) qui  modifient le contexte dans lequel on est. Et c’est ce qui pousse aujourd’hui les coupes budgétaires.

Les conséquences directes seront particulièrement lourdes pour les communautés déjà fragilisées par les conflits, les chocs climatiques ou les inégalités économiques. Ces populations seront doublement affectées par la baisse des financements, la diminution de la coopération internationale et la réduction du soutien. C’est un cercle vicieux : moins on finance le système d’aide et le sytème multilatéral, moins l’impact de ce système est visible auprès des plus vulnérable. Donc il y a un désengagement des institutions qui affaiblit leur efficacité et leur légitimité et qui ensuite de fait justifie le fait de moins s’engager et investir dans ces mêmes institutions.

Pour nous en tant qu’ONG, membres de la société civile et réseau représentant un grand nombre d’organisations, nous devons résister et réaffirmer l’impact de la coopération internationale et plus particulièrement de l’aide humanitaire. Il faut montrer son impact concret auprès des populations les plus vulnérables, former un narratif fort vis-à-vis des institutions, des bailleurs, mais aussi du grand public.

Les sondages européens montrent encore un soutien citoyen important à l’aide humanitaire mais non toujours reflété par les politiques des États membres. C’est pourquoi il est essentiel de maintenir une voix forte, de continuer à démontrer l’impact positif de l’aide humanitaire et de mettre en avant le partenariat avec les ONG locales. C’est-à-dire que ce n’est pas simplement l’Union européenne qui agit auprès des États dans le reste du monde, mais surtout une démarche visant à créer des sociétés civiles fortes et capables de développer leurs propres capacités au sein des contextes dans lesquels elles évoluent.

Donc c’est un cercle vertueux, auquel on contribue, où les communautés se développent positivement et sortent des cycles de vulnérabilité. Pour nous, l’enjeu est de continuer à s’engager pour contrer la lassitude et le désengagement actuels.

Malakal, capitale de l’État du Haut-Nil, Soudan du Sud, le 16 mai 2023. ©Solidarités International/Bebe Joel

Alain Boinet : Dans une publication récente de VOICE Out Loud (septembre 2025), vous avez publié un long entretien avec la Commissaire Hadja Lahbib sur les divers enjeux de communication pour l’aide humanitaire de l’Union Européenne. Que faut-il en retenir selon toi ?

Pauline Chetcuti :

D’abord, nous sommes très reconnaissants envers la commissaire Hadja Lahbib pour avoir donné sa voix et contribué à cet entretien. Je vous recommande de le lire, il est vraiment très intéressant.

Un message clé ressort de cet échange : parler avec principes et valeurs. Elle place au centre la dignité et le besoin d’être en intégrité avec l’agence de chaque population. Elle met aussi au cœur la communication, écouter ce que veulent les populations avant de « parler par-dessus ». Il ne s’agit pas de « faire de la pub », mais de faire entendre la voix de nos partenaires, dans les différents pays, de manière intègre.

Elle incite à communiquer avec des valeurs, avec une vraie envie de faire passer un message de solidarité et de communauté. L’idée est qu’on peut montrer l’impact tout en allant au-delà des images, parfois indignes (comme celles d’enfants en conflit), souvent utilisées par le passé. On peut communiquer avec dignité pour susciter la solidarité, pas seulement la visibilité.

Hadja Lahbib au Tchad, 2025 © European Union/Denis Sassou Gueipeur.

Alain Boinet : Lors d’un précédent entretien avec toi publié dans Défis Humanitaires au mois de février 2025, nous avions notamment évoqué le budget de la DG ECHO pour 2025. A trois mois de la fin de l’année, connait-on aujourd’hui son montant et comment l’analysez-vous à VOICE ?

Pauline Chetcuti :

La question du budget est fondamentale, et tous nos membres au sein de VOICE la posent.

Pour 2025, le montant s’élève à environ 2,46 milliards d’euros pour la ligne strictement humanitaire. Le chiffre sera consolidé d’ici la fin de l’année, avec d’éventuels renforcements budgétaires. On sait déjà que la réserve d’aide d’urgence a été entièrement mobilisée cette année pour répondre à plusieurs crises majeures, et il est peu probable qu’elle soit renouvelée d’ici la clôture. Cette réserve prévoyait 583 millions d’euros pour 2025.

Nous ne pensons pas qu’il y aura de changement majeur dans la manière dont l’Union européenne financera les crises humanitaires.

S’agissant du projet de budget 2026, La Commission propose un peu plus de 1,8 milliard d’euros pour l’humanitaire, par la suite la Conseil a proposé une hausse de 18 millions à ce montant. C’est une progression, mais elle reste limitée au regard de l’ampleur croissante des besoins humanitaires et de l’inflation. Par ailleurs, cela n’intègre pas à ce stade, la réserve d’urgence et de solidarité qui fera l’objet de discussions au fil de l’année.

Alain Boinet :  Les discussions pour le prochain Cadre Financier Pluriannuel (2028-2035) ont commencé à la Commission Européenne qui devrait présenter une proposition courant 2025. Par ailleurs, la présidente Ursula Von der Leyen et le commissaire Piotr Serafin ont annoncé un budget de 200 milliards d’euros pour « L’Europe globale dans le monde », le nouvel instrument d’action extérieure avec un montant indicatif de 25 milliards d’euros pour l’aide humanitaire. Si l’augmentation est très significative et positive, en revanche des acteurs humanitaires sont inquiets sur le flou et les risques relatifs au cadre et aux finalités. Qu’en pense VOICE et sa présidente ?

Pauline Chetcuti : :

C’est un sujet au cœur de VOICE : comment utiliser ce nouveau cadre financier pluriannuel (MFF) et comprendre ce qu’implique cette Europe globale ?

À VOICE, nous accueillons positivement le montant indicatif de 25 milliards d’euros prévu pour l’aide humanitaire dans ce nouvel instrument Europe Globale. C’est un signal politique fort dans un contexte particulièrement difficile, marqué à la fois par l’augmentation des besoins humanitaires et par un déficit d’intérêt croissant des bailleurs pour soutenir l’aide.

Mais il faut relativiser. D’abord, on ne sait pas encore comment cet instrument sera utilisé. Si l’on additionne le budget annuel et les renforcements des dernières années (dont la réserve d’aide d’urgence) on atteignait déjà un peu plus de 17 milliards d’euros. L’augmentation est donc réelle, mais pas spectaculaire, surtout si l’on considère que les besoins humanitaires vont continuer d’augmenter, d’autant plus si l’ONU poursuit son hyper-priorisation.

Ensuite, ces chiffres ne sont pour l’instant que des propositions puisque les États membres doivent encore se prononcer.

Enfin, une autre préoccupation de VOICE concerne le cadrage politique de ce nouvel instrument. Europe Globale met l’accent sur la compétitivité, la souveraineté et la puissance économique de l’Union européenne plutôt que sur les besoins des populations affectées. On se trouve donc face à un instrument plus politique, inscrit dans une logique de renforcement des intérêts de l’Union européenne.

Néanmoins, l’aide humanitaire semble préservée, et c’est positif. Mais restera-t-elle indépendante des priorités politiques de l’UE ? Ce n’est pas garanti. C’est précisément ce que nous voulons déterminer. Nous plaiderons pour que l’aide demeure fondée sur les besoins des populations et sur les principes humanitaires, et non sur les intérêts des États membres.

Au sein de VOICE, nous allons continuer à pousser ces questions et à engager directement la DG ECHO et la Commission européenne sur les enjeux du MFF. Nous invitons également tous les membres de VOICE à contribuer, à faire remonter leurs préoccupations et surtout à mobiliser les États membres pour qu’ils soutiennent le maintien d’une aide humanitaire indépendante au sein de ce nouvel instrument. Nous appelons chaque État à se positionner sur le nouveau MFF afin de garantir la sécurité et la pérennité de l’enveloppe humanitaire.

Forum Humanitaire Européen, 2024 – © Union européenne

Alain Boinet : Certains Etats-membres souhaitent s’impliquer plus avant et envisagent la création d’une enceinte spécifique des Etats dédiée à l’humanitaire avec pour objectif de sanctuariser l’humanitaire et d’éviter en conséquence toute fongibilité des fonds humanitaires dans l’ensemble des 200 milliards d’euros. Est-ce une piste intéressante ?

Pauline Chetcuti :

Toutes les pistes méritent d’être explorées si elles renforcent l’efficacité et la crédibilité de la dépense.

Néanmoins, il est essentiel de s’assurer aujourd’hui que les financements humanitaires ne soient ni dilués, ni contrôlés par les intérêts nationaux des États membres ou de l’Union européenne autrement dit, par des considérations géopolitiques.

Il faut également que l’aide humanitaire reste flexible, afin de pouvoir réagir à un contexte extrêmement volatile, marqué par des détériorations graves et soudaines dans certains pays. Cette flexibilité doit permettre de répondre à des besoins immédiats, mais aussi à des crises négligées ou oubliées souvent absentes de la lumière médiatique.

Quel que soit le nouvel instrument que l’on construit, il doit  répondre au plus près des besoins des populations, tout en demeurant accessible aux ONG, et en particulier aux partenaires locaux.

En somme, si l’on ouvre ou crée un nouvel instrument, il faut absolument intégrer ces conditions dès le départ et veiller à ce qu’elles soient pleinement incluses dans la piste évoquée.

Alain Boinet : Pour une bonne information de nos lecteurs, notamment hors d’Europe, peux-tu nous présenter VOICE dans les grandes lignes ?

Pauline Chetcuti :

VOICE est un réseau européen d’ONG humanitaires. Nous rassemblons plus de 90 organisations membres basées dans l’UE, ainsi qu’au Royaume-Uni et en Suisse, qui mettent en œuvre ou soutiennent l’aide humanitaire.

Notre rôle est double. D’une part on est un espace de coordination et d’échange entre ONG humanitaire  européennes. Ce qui favorise la prise de positions communes, partage d’expertise, de connaissances et la création de synergies.

D’autre part, on porte un plaidoyer collectif auprès des institutions européennes (DG ECHO, Parlement européen, États membres). À travers nos membres européens et leurs réseaux d’ONG. Par exemple nous travaillons étroitement avec les réseaux nationaux comme Coordination SUD en France pour construire des positions communes.

En somme, VOICE est un pont entre la société civile humanitaire européenne et les décideurs publics dans une région qui reste l’un des principaux bailleurs humanitaires dans le monde.

Un membre du personnel d’Oxfam aide une famille à transporter chez elle les articles non alimentaires qu’elle vient de recevoir à la Maison des Nations Unies, à Djouba. © Oxfam / Anita Kattakuzhy

Alain Boinet : Comment souhaites-tu conclure cet entretien ? Un message, un appel ?

Pauline Chetcuti :

C’est une question difficile. Comment conclure de façon positive face aux défis dont nous venons de parler ?

Évidemment, nous faisons face à une crise existentielle très sévère du système humanitaire. Nous souffrons d’un déficit de crédibilité, auquel il faut savoir répondre. La réponse doit être collective. Les ONG doivent se rassembler pour créer une voix forte, un récit commun qui réaffirme la valeur de la coopération internationale et de la solidarité mondiale. C’est un véritable défi que nous nous fixons au sein des ONG et que nous sommes déterminés à relever.

L’autre point, c’est que les questions de financement, bien qu’essentielles et au cœur des débats actuels, ne sont pas tout. Il faut aussi se rappeler pourquoi nous faisons tout cela et pourquoi il est si important de poser ces questions. Parce que ces financements permettent avant tout de maintenir l’aide auprès des plus vulnérables.

Évidemment, on pense aux conflits oubliés, comme en République démocratique du Congo ou au Soudan, où les contextes sont absolument terribles. On pense aussi à nos collègues et aux populations à Gaza et en Palestine. Si nous nous interrogeons aujourd’hui c’est pour préserver cette solidarité internationale, pour agir au plus près des populations, les aider non seulement à survivre, mais surtout à vivre dignement et à exercer leurs droits fondamentaux.

Enfin, c’est pour moi un appel à la collectivité, un sursaut de solidarité entre nos différentes ONG. Nous avons un réel potentiel collectif si toutes les organisations se mettent ensemble, notamment à travers des réseaux comme VOICE. Nous pouvons porter une voix plus forte et faire passer des idées ainsi que des valeurs essentielles.

Je conclurai en disant que l’argent ne fait pas tout. Ce qui compte, c’est ce que nous en faisons. Comment nous transformons ces financements en changements concrets, en vies améliorées dans les contextes les plus complexes, pour que chacun puisse s’en sortir, survivre et vivre une vie meilleure.

Experts de l’UE et du HCR à la frontière entre le Soudan et le Tchad. Environ 40 000 personnes – réfugiés soudanais et rapatriés tchadiens – ont traversé la frontière depuis le début du conflit au Soudan. © HCR/Aristophane Ngargoune

 


 


 

Pauline Chetcuti : 

Pauline Chetcuti est – depuis juin 2024 – la Présidente de VOICE. Pauline Chetcuti est également responsable des campagnes humanitaires et du plaidoyer pour Oxfam International. Juriste spécialisée en droit international humanitaire et droits humains, elle possède une solide expérience au sein d’agences de l’ONU et d’ONG dans des contextes tels que la Palestine, l’Afghanistan, la RDC et le Myanmar. Elle apporte un leadership stratégique sur les campagnes mondiales et les politiques liées à la protection des civils, à la fragilité et à l’impact du changement climatique sur les populations vulnérables. Auteure de plusieurs publications sur les principes humanitaires, la faim et le lien entre climat et action humanitaire, elle contribue activement au débat international. Experte en gestion de réseaux, elle renforce les partenariats humanitaires et représente Oxfam dans des forums de haut niveau. Guidée par un leadership féministe, elle valorise la diversité, l’inclusion et l’expression des voix de son équipe et de ses partenaires.

 

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Aide Publique au Développement : l’effondrement ?

Interview croisée de Thierry Mauricet et Xavier Boutin, présidents de la Coordination Humanitaire et Développement (CHD)


« L’aide publique au développement n’est pas une dépense, c’est un investissement pour la paix et la dignité humaine »

Assemblée Générale 2025 – CHD

Défis Humanitaires : La Coordination Humanitaire et Développement (CHD) joue aujourd’hui un rôle clé entre les acteurs de l’urgence et du développement. Pouvez-vous rappeler ce qu’elle représente et comment elle s’inscrit dans le paysage de la solidarité internationale ?

Thierry Mauricet : La CHD rassemble aujourd’hui 59 ONG françaises, engagées sur les terrains de crise comme dans les programmes de développement à long terme. Ensemble, ce sont 2.675 projets ou programmes déployés, dans plus de 120 pays, par 28.099 personnels. En 2024, les organisations membres de la CHD, ont réussi à mobiliser 2,1 milliards d’euros, pour soutenir des millions de personnes. La CHD constitue un espace unique de dialogue entre acteurs de l’humanitaire et du développement, deux mondes qui, bien que complémentaires, ne travaillent pas toujours dans les mêmes temporalités ni avec les mêmes outils.

Xavier Boutin : la CHD représente aussi les acteurs de terrain au cœur de Coordination SUD (CSUD), dont nous sommes pleinement membre. Cette appartenance nous donne une voix collective au sein du paysage institutionnel français. Avec Coordination SUD, nous partageons le même objectif : défendre une politique ambitieuse de solidarité internationale. La CHD en est un pilier, en portant les spécificités « terrain » des ONG qui allient urgence, reconstruction et développement, et en plaidant intensément pour le cofinancement public des ONG.

Défis Humanitaires : L’aide publique au développement (APD) a connu une croissance entre 2014 et 2022. Quels en ont été les moteurs ?

Thierry / Xavier :  Plusieurs dynamiques ont convergé pour expliquer cette progression. Entre 2017 et 2022, l’APD française est passée de 0,43 % (soit 10,1 milliards d’euros) à 0,56 % du RNB soit 15,2 milliards d’euros ce qui a permis à la France de devenir le 4ᵉ bailleur mondial. Cette hausse a été soutenue par un plaidoyer fort de la société civile, notamment porté par la CHD au sein de Coordination SUD. En 2016, la France figurait parmi les derniers pays du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), avec seulement 2,8 % de son APD transitant par les ONG, contre une moyenne européenne avoisinant les 15 %[1]. Cette situation a contribué à une prise de conscience de l’État. Toutefois, cette trajectoire s’est brutalement interrompue en février 2024, le Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire ayant décidé d‘amputer 742 M€ de la mission « Aide publique au développement »,

Défis Humanitaires : L’actualité budgétaire de ces derniers mois a été marquée par une contraction inédite de l’APD. Comment analysez-vous cette évolution ?

Thierry Mauricet : Contraction, c’est peu dire. Entre 2024 et 2026, ; si le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 est adopté tel quel, les crédits budgétaires de l’APD passeraient de 5,9 milliards d’euros à seulement 2,9 milliards. C’est une division par deux en trois ans, un recul historique qui ramènerait la France à des niveaux de financement comparables à ceux du début des années 2010.

Xavier Boutin : Ce qui est particulièrement alarmant, c’est l’impact sur les dispositifs qui soutiennent directement les ONG. En 2023, le budget alloué à l’aide-projet de l’AFD, à l’Initiative des Organisations de la Société Civile (I-OSC), au Fonds d’urgence humanitaire (FUH) et au Volontariat s’élevait à 1,3 milliard d’euros[2]. En 2026, ce montant tomberait à 497 millions d’euros, soit une baisse de plus de 60 %. C’est un revirement stratégique brutal, qui marque un désengagement clair de l’État vis-à-vis de la société civile. Cela signifie moins de moyens pour répondre aux besoins des 350 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire selon l’ONU en 2025. Ce recul français s’inscrit dans une tendance mondiale, amorcée dès 2021 au Royaume-Uni, puis en Allemagne et aux Etats-Unis sous l’administration Trump.

Thierry Mauricet : Cette réduction n’est pas seulement budgétaire, elle est politique. Elle remet en cause le rôle des ONG dans la mise en œuvre de la solidarité internationale, alors même qu’elles sont en première ligne face aux crises humanitaires, climatiques et géopolitiques. La CHD alerte : ce sont les financements transitant par les ONG qui sont les plus durement touchés, alors qu’ils sont essentiels pour agir rapidement, efficacement et au plus près des besoins des populations.

Evolution des financements AFD et humanitaires aux ONG 2022-2026

Défis Humanitaires : Quelles conséquences concrètes observez-vous sur le terrain ?

Thierry Mauricet : Chaque coupe budgétaire se traduit par des programmes suspendus ou arrêtés, des personnels locaux non renouvelés, des partenaires fragilisés. Pour visualiser l’impact humain : la baisse constatée à ce jour, 2,3 Md€, aurait permis de financer la vaccination de base de plus de 71 millions d’enfants, l’aide alimentaire d’un an pour 4 millions de foyers, l’accompagnement scolaire de 17 millions d’enfants, l’hébergement d’urgence pour 45 millions de familles ou encore la formation agricole de 2 millions de jeunes[3]. Ces coupes touchent de plein fouet les programmes humanitaires et de développement dans des pays déjà fragiles comme le Soudan, la République Démocratique du Congo, l’Afghanistan, le Tchad, Madagascar ou le Liban où certaines ONG ont dû mettre en pause leurs activités de soins de santé, de sécurité alimentaire, d’eau et d’assainissement, d’éducation ou d’agriculture. Ce sont des populations entières qui se retrouvent dans l’incertitude.

Xavier Boutin : Et ce n’est pas qu’une question de chiffres. Derrière chaque projet suspendu, il y a des communautés qui perdaient peu à peu leur dépendance à l’aide d’urgence. Les ONG françaises travaillent depuis des années à favoriser l’autonomie, à former des jeunes agriculteurs, à renforcer les systèmes de santé. Quand le financement s’arrête, c’est toute la chaîne du développement qui se brise.

Le docteur Fabien Kibukila, de Première Urgence, s’entretient avec un agent de liaison communautaire dans le camp de déplacés de Zayna. 28 novembre 2023, province du Nord-Kivu, RDC. ©PUI

Défis Humanitaires : Pourtant, l’APD a montré des résultats impressionnants…

Xavier Boutin : Absolument. L’APD a permis des progrès majeurs. En vingt ans, selon l’OMS et le Fonds mondial, plus 70 millions de vies ont été sauvées grâce à la lutte contre le SIDA, le paludisme et la tuberculose[4]. L’Unicef indique que le nombre d’enfants non scolarisés au niveau secondaire a diminué de 30 %[5]. Et au-delà des chiffres, il s’agit de stabilité politique et de prévention des crises. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime qu’un dollar investi dans la prévention rapporte 103 dollars en retombées économiques[6]. Peu d’investissements publics ont un tel rendement social.

Thierry Mauricet : Ces résultats sont la preuve que l’APD fonctionne, qu’elle n’est pas un puits sans fond. Elle sauve des vies et contribue indirectement ou directement à la paix, à la sécurité et à la dignité humaine. C’est pourquoi nous disons que l’APD n’est pas une dépense, mais une stratégie responsabilité internationale.

Défis Humanitaires : Comment réagit l’opinion publique française à cette situation ?

Thierry Mauricet : Les Français soutiennent massivement la solidarité internationale. Selon une enquête Harris Interactive, deux tiers de nos concitoyens y sont favorables[7], et cette proportion grimpe à plus de 80 % chez les jeunes[8]. Ce soutien est essentiel : il nous montre que la société française reste profondément attachée à ses valeurs de solidarité, au-delà des clivages politiques.

Xavier Boutin : C’est d’autant plus frappant que dans d’autres pays, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, les coupes ont souvent été justifiées par une opinion publique supposée hostile à l’aide. En France, c’est l’inverse : la société est en avance sur ses dirigeants. 56 % des Français souhaitent maintenir ou augmenter l’APD selon Focus 2030[9]. Cela crée un espace démocratique pour faire entendre notre voix.

Défis Humanitaires : Quelle est la position de la CHD face à cette situation ?

Thierry Mauricet : Nous demandons de sanctuariser un plancher de cofinancements pour les ONG, de prioriser les Organisations Humanitaires de Développement (OHD) françaises et les organisations de la société civile des pays partenaires, et de limiter les intermédiaires entre bailleurs et terrain. L’effet levier du cofinancement est puissant parce que chaque euro investi en solidarité internationale en attire d’autres. Les financements de l’État permettent d’obtenir des cofinancements européens, multilatéraux ou privés, démultipliant l’impact des projets. Par exemple, un projet agricole financé à 20 % par l’Agence Française de Développement (AFD) peut mobiliser 80 % supplémentaires auprès d’autres bailleurs[10]. Sans ce premier euro public, rien n’existerait.

Xavier Boutin : Et au-delà de l’effet financier, il y a un effet politique et symbolique. Quand la France soutient un projet au Niger, au Cameroun ou à Haïti, elle envoie un signal de confiance. C’est aussi une manière d’affirmer une présence française positive, fondée sur la coopération et non sur la seule logique sécuritaire.

Défis Humanitaires : Quelles actions concrètes la CHD met-elle en œuvre pour ses membres ?

Xavier Boutin : A partir de février 2025, la CHD a initié démarche « Affaires publiques » afin de renforcer le dialogue avec les parlementaires et les décideurs publics. Nous les rencontrons régulièrement pour expliquer, chiffres à l’appui, l’impact de l’APD, et en particulier le rôle des OHD, sur la santé, l’éducation ou la sécurité alimentaire. Notre approche est non partisane : nous rappelons que la solidarité internationale n’est ni de droite ni de gauche, mais qu’elle reflète la place et les valeurs de la France dans le monde.

Thierry Mauricet : Nous agissons en complémentarité et en parfaite synergie avec Coordination SUD, qui porte la voix de l’ensemble des ONG de développement. La CHD a ainsi proposé et obtenu auprès de Coordination SUD de proposer un amendement au PLF2026, sécurisant un strict minimum de cofinancement pour les projets de terrain des ONG françaises et des OSC locales. Cet effort minime de 186 millions d’euros représentant 0,03% des crédits du budget de l’État et 4,2% de la Mission APD permettrait aux ONG de maintenir un minimum d’activités et pour certaines, de survivre.

Défis Humanitaires – Comment envisagez-vous l’avenir, notamment pour 2026 et 2027 ?

Xavier Boutin : Le PLF 2026 du gouvernement représente une très forte menace pour les cofinancements publics de nos projets humanitaires, de développement et pour le volontariat, et pour l’existence même de certaines organisations. Toute la gouvernance de la CHD est fortement mobilisée pour convaincre les décideurs publics de le corriger. Les organisations membres, pourtant très mobilisées sur leurs problématiques terrain, elles ausi nombreuses, se mobilisent également, ce qui est un signal fort adressé aux autorités.

Après l’adoption de la loi de finances, nous maintiendrons un dialogue constant avec les décideurs publics, pour éviter de nouvelles menaces, et continuer de faire connaître la forte valeur ajoutée des actions de nos organisations.

Thierry Mauricet : Parallèlement, nous avons initié plusieurs pistes de réflexions : réduire les coûts inéligibles (avec Donnadieu & Associés), mutualiser les ressources humaines, étudier les rapprochements voire fusions entre organisations, … Certaines organisations semblent aussi intéressées par de nouvelles modalités de coopération avec les bailleurs internationaux, par exemple les prêts.

Défis Humanitaires : Quel message souhaitez-vous adresser au moment où le débat budgétaire de 2026 s’ouvre ?

Thierry Mauricet : Il est essentiel de rappeler que les ONG françaises jouent un rôle irremplaçable dans la solidarité internationale. Elles interviennent là où les institutions ne peuvent pas toujours aller, avec agilité, proximité et expertise. Elles sont capables de mobiliser rapidement leur expertise, des ressources, de travailler avec des partenaires locaux, et d’innover face à des contextes complexes. En 2023, les dispositifs qui leur étaient accessibles Don-projet AFD, Initiative-OSC, Fonds d’urgence humanitaire, réserve de crise, volontariat – représentaient 1,3 milliard d’euros. En 2026, ce montant risque de chuter à 497 millions d’euros. Ce n’est pas une simple baisse : c’est un effondrement. Ce sont des milliers de projets, de partenariats, d’emplois et d’actions concrètes qui sont menacés. La France ne peut pas se permettre de fragiliser un secteur aussi stratégique, reconnu pour son efficacité et sa légitimité sur le terrain.

Xavier Boutin : Plus largement, il faut rappeler que l’APD est un investissement dans la stabilité mondiale. Elle contribue à prévenir les conflits, à renforcer les systèmes de santé, à lutter contre les inégalités et à accompagner les transitions écologiques. Le développement fonctionne : les progrès réalisés ces dernières décennies en matière de santé, d’éducation ou de réduction de la pauvreté en témoignent. Casser cette dynamique, c’est affaiblir un levier essentiel de l’action internationale de la France. La Loi d’orientation et de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales (LOP-DSLIM) de 2021, adoptée à l’unanimité, portait une vision ambitieuse et partagée. Aujourd’hui, moins d’un tiers de ses engagements ont été concrétisés. Il est temps de réaffirmer une volonté politique forte, à la hauteur des enjeux et des responsabilités de la France dans le monde.

Filière construction à Libéria, 2024.©IECD

Conclusion
Les défis sont immenses, mais la mobilisation reste intacte. Les ONG françaises, réunies au sein de la CHD et de Coordination SUD, s’inscrivent dans une tradition de solidarité internationale engagée depuis les années 1970. Ce modèle, modernisé au fil du temps, fonctionne aujourd’hui efficacement : il repose sur la coopération, l’ancrage local et l’innovation. Il serait incompréhensible de le fragiliser au moment où les besoins humanitaires et de développement n’ont jamais été aussi pressants.
Comme le résume Thierry : « Ce n’est pas une question de moyens, c’est une question de priorités. »
Et Xavier d’ajouter : « L’aide publique au développement n’est pas une dépense, c’est un investissement dans la paix, la stabilité et la dignité humaine. »

 

[1] Les ONG françaises face à la globalisation de l’aide, Vincent Pradier, URL : Les ONG françaises face à la globalisation de l’aide

[2] En autorisations d’engagement

[3] Note de position PLF 2026 : Alerte rouge sur le budget de la solidarité internationale, Coordination Sud, 10/2025, URL : CSUD_Alerte_rouge_budget_SI_PLF2026_oct2025.pdf

[4] Rapport annuel 2025 sur les résultats du Fonds Mondial, URL : Rapport sur les résultats du Fonds mondial : 70 millions de vies ont été sauvées, mais les progrès sont menacés – Communiqués de presse – Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

[5] Note de position PLF 2026 : Alerte rouge sur le budget de la solidarité internationale, Coordination Sud.

[6] The Urgency of Conflict Prevention – A Macroeconomic Perspective, IMF Live, 20/12/2024, URL : The Urgency of Conflict Prevention – A Macroeconomic Perspective

[7] Enquête Solidarité internationale : la lucidité des Français, 06/2025, URL : https://www.jean-jaures.org/wp-content/uploads/2025/06/Solid_intern.pdf

[8] Rémy Rioux (AFD) : « Les jeunes sont plus favorables à l’aide au développement », Le Dauphiné, 05/2025, URL : Exclusif. Rémy Rioux (AFD) : « Les jeunes sont plus favorables à l’aide au développement »

[9] Une majorité de Français.es en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’aide publique au développement, Focus 2030, 19/06/2025, URL : Une majorité de Français·es en faveur d’un maintien ou d’une augmentation de l’aide publique au développement

[10] L’initiative sur l’intégration du passage à l’échelle dans les organisations de bailleurs de fonds – AFD, Éric Beugnot, 03/2025, URL : VScaling-at-AFD-fr-FINAL.pd

 

 

https://www.c-hd.org/

 

Thierry Mauricet :

Après une formation en école de commerce à l’Institut Européen des Affaires, en droit à l’université de Paris X et une activité professionnelle de publicitaire pendant 7 années, Thierry Mauricet a co-fondé l’association Première Urgence en juin 1992 pour venir en aide aux populations assiégées dans Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. De 1994 à 2011, il a exercé la fonction de Directeur Général de l’association.

Il est aujourd’hui Directeur Général de Première Urgence Internationale, association issue de la fusion de deux ONG françaises en avril 2011. Il est également Président de la Coordination Humanitaire et Développement, Administrateur de Coordination SUD, membre du Conseil National du Développement et de la Solidarité Internationale, membre du Comité de pilotage de la Conférence Nationale Humanitaire du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, membre du Comité d’orientation stratégique du Forum Espace Humanitaire, et membre du Conseil d’orientation de la revue internationale Alternatives Humanitaires.

Première Urgence Internationale a pour objectif d’apporter une aide intégrée dans les domaines de la santé, la sécurité alimentaire, la nutrition, la réhabilitation et la construction d’infrastructures, l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, la relance économique, l’éducation et la protection, en faveur des populations civiles victimes ou mises en péril par les effets de guerres, de catastrophes naturelles, des conséquences du réchauffement climatique, et d’effondrement économique consécutif à un bouleversement politique international ou national. Le budget annuel de Première Urgence Internationale est de 140 M€ et ses 3 500 salariés mettent en œuvre 200 projets dans 26 pays en faveur de plus de 6 millions de personnes vulnérables.

 

Xavier Boutin, Directeur général et co-fondateur de l’IECD, Président de la CHD

Après un master à la European business school de paris, une maîtrise en droit des affaires et une licence en philosophie, Xavier Boutin débute sa carrière en 1978 dans le commerce international des céréales chez Louis Dreyfus. En 1980, il décide de se consacrer à l’enseignement de la philosophie et à la formation des jeunes et prend, deux ans plus tard, la direction d’une association d’éducation populaire. Soucieux d’être solidaire envers les populations en difficulté, Xavier Boutin co-fonde en 1988 l’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD) dont il assure la direction exécutive. L’IECD répond d’abord aux sollicitations d’acteurs de la société civile, à Madagascar en 1989, puis au Liban et au Cameroun. Progressivement, l’association étendra ses activités en Afrique subsaharienne, au Proche-Orient, mais aussi en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, elle intervient dans 18 pays et accompagne la mise en œuvre de 38 projets de développement. En 25 ans, l’IECD a développé une expertise reconnue dans trois cœurs de métier : la formation technique et l’insertion professionnelle des jeunes, l’appui aux petites entreprises et l’accès des populations vulnérables à l’éducation et à la santé. Depuis juin 2013, Xavier Boutin assure, avec Thierry Mauricet, la présidence de la CHD. Précédemment, il a été membre du conseil d’administration de la Coordination d’Agen et, de 1997 à 2011, trésorier de Coordination Sud. Xavier Boutin enseigne également à l’IRCOM et intervient dans de nombreux colloques sur les questions liées au développement.

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