
C’est Anders Fogh Rasmussen, ancien Secrétaire général de l’OTAN et premier ministre du Danemark de retour du Caucase qui déclare « Le risque d’une guerre ouverte entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans un futur proche est réel et sous-estimé » et d’ajouter « L’union Européenne doit signifier au régime d’Aliyev (ndlr Ilham Aliyev président de l’Azerbaïdjan) que ces violations ne resteront pas impunies ». Car si guerre il devait y avoir, c’est le président Ilham Aliyev qui en prendrait l’initiative, lui qui renomme désormais l’Arménie comme l’Azerbaïdjan occidental !
En effet, il n’y a pas un jour qui passe sans incident armé et le Haut-Karabagh ou Artsakh est depuis le 12 décembre coupé de l’Arménie par les Azéris dans le corridor de Latchine qui les relie et ce malgré les condamnations internationales qui se succèdent, dont celle récente et sans appel de la Cour Internationale de Justice qui est l’organe judiciaire de l’ONU.
Le motif en est le blocus imposé aux 120.000 arméniens de l’enclave du Haut-Karabagh. Le blocus utilisé comme arme de guerre est une violation flagrante des Conventions de Genève et du Droit International Humanitaire qui selon l’expérience que nous avons conduit le plus souvent au pire. Combien de temps la Communauté Internationale peut-elle le supporter sans chercher à y mettre un terme au plus vite pacifiquement.

Savez-vous que cette situation est devenue explosive entre l’Azerbaïdjan et l’Iran qui organise de grandes manœuvres militaires aux frontières de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Savez-vous que les tensions s’exacerbent entre la Russie, l’Arménie et la mission de l’Union Européenne présente dans ce pays pour sécurises ses frontières. Et bien que cela soit une autre cause de préoccupation, voyez-vous les fortes tensions qui agitent la Géorgie avec les mêmes pays voisins.
N’est-il pas urgent d’éteindre la mèche allumée par le blocus du Haut-Karabagh avant que le feu ne se propage à toute la région et ne soit amplifiée et étendue par le jeu des Alliances. C’est Bernard Kouchner qui déclarait lors de la Conférence des intellectuels en soutien à l’Arménie et au Haut-Karabagh (Les intellectuels français en soutien à l’Arménie et au Haut-Karabagh au Sénat) « Il n’y a de solution que politique ». Il appartient aux politiques et en France au Président de la République de rendre cette solution possible
La levée du blocus assortie de garanties internationales serait la meilleure réponse à ce risque potentiel de conflit. En attendant, l’idée de convoi humanitaire pour la population du Haut-Karabagh fait son chemin comme celui plus récent d’une grande marche pacifique internationale pour rouvrir le corridor. Je suis prêt à y participer car j’ai toujours refusé le blocus des populations utilisé comme arme de guerre, que ce soit en ravitaillant Sarajevo et les enclaves en Bosnie, à Kaboul et en franchissant clandestinement ou sans autorisation les frontières en Afghanistan, au Rwanda, en Roumanie lors de la révolution et dans bien d’autres pays comme en Syrie du Nord-Est plus récemment.

Nous étions en février 2021 au Nagorno-Karabagh avec Bernard Kouchner et Patrice Franceschi. Sur place, nous avons rencontré les handicapés de la guerre et leur douloureux exercice de réhabilitation, les champs de mines, les bâtiments détruits à Stepanakert, les populations réfugiées, les jeunes infirmières en formation, l’incertitude de l’avenir qui rongeait le moral de la population. Nous avons aussi assisté au Centre Charles Aznavour et au Centre Paul Eluard à de magnifiques activités artistiques avec de nombreux participants, chorale, orchestre, danse. Et nous sommes allés au monument national du Haut-Karabagh qui se nomme « Nous sommes nos montagnes » et, manifestement, ces montagnes ne veulent pas s’exiler.
L’histoire résonne encore aujourd’hui pour les petites nations martyrs. Souvenons-nous que le 24 avril est la journée de la commémoration du génocide arménien.
Alain Boinet.
PS/ Nous vous signalons la Conférence sur « Le blocus dans le Haut-Karabagh (Artsakh), le jeudi 13 avril de 15h à 18h à ‘Université Panthéon-Sorbonne. Entrée uniquement sur inscription.
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