Quand Alain Boinet, m’a demandé de faire le portrait d’une responsable géographique chez Solidarités International, mon poste au sein de l’ONG, je me suis d’abord posé la question : mais qui suis-je vraiment au sein de mon équipe ?

La réponse à la question d’Alain m’a paru évidente, une responsable géographique n’est qu’une entité au sein de cette organisation. En effet, nos descriptions de poste identifient un poste, mais nous travaillons, et j’insiste sur le nous, travaillons toutes et tous à atteindre les populations les plus éloignées, qui ont les accès les plus compliqués afin de leur apporter de l’aide. Ce travail est une approche commune. Chaque département a une importance centrale dans notre mandat.

Il est vrai, qu’avec l’âge, j’ai pu trouver que le nombre de responsables de service devenus essentiels était conséquent, voir massif…Cependant, l’éthique, la dignité, la qualité, la compréhension, le temps que nous avons pour répondre dans les urgences et tant d’autres valeurs communes… toutes ces responsabilités ne peuvent être portées que sur les épaules du département des opérations dans son entièreté, en effet chaque département/ service du siège et du terrain a un rôle à jouer et notre mandat n’est que mieux mis en œuvre avec cet ensemble qui compose Solidarités International.

L’ensemble des taches d’un responsable géographique, un « desk » en anglais, ne peuvent être accomplis qu’en comprenant le tout qui compose son poste, c’est-à-dire, l’ensemble des personnes qui travaillent dans le même but.

Avec les populations, ensemble.

Le siège de Solidarités International est aujourd’hui une machine qui ressemble de près à une PME – Une entreprise dans laquelle chacun a sa fonction. Nous ne touchons pas de bénéfices sur les ventes, nous atteignons les populations qui vivent une crise pour leurs venir en aide. Chaque département travaille à un seul objectif : que chaque être humain soit considéré dans sa dignité, son besoin et son entièreté. Les besoins des populations sont identifiées AVEC les populations. Nous travaillons ENSEMBLE pour que le mandat de l’organisation soit mis en œuvre le plus précisément et au plus proche des personnes dans le besoin. Notre mission à nous : répondre aux besoins essentiels des populations. Nous ne faisons pas de santé. Nous apportons de l’eau potable, nous construisons des abris, nous assainissons des latrines, nous creusons des puits, nous replantons des champs …

Dans cet ensemble, une équipe complète d’experts œuvre en France en collaboration avec les experts sur le terrain. Comme dans chaque organisation, les maitres d’orchestre sont les autorités de travail.

Pour moi, chaque chef d’orchestre est différent dans un profil semblable. Mon rôle de responsable de desk avec mon équipe est de fédérer les équipes autour du mandat de Solidarités International, d’écouter les problématiques, trouver les solutions et surtout, avancer ensemble pour aider la population. Je suis particulièrement attachée à la notion d’accès humanitaire, à notre capacité d’être au plus proche des populations même dans des conditions considérées comme extrême. Ainsi, il m’arrive moi-même de ré ouvrir des axes, des routes, des zones… de faire avec les équipes du terrain le premier pas vers les plus lointains. Il est probable que je considère l’exemplarité comme une vertu et que je ne saurai demander aux autres ce que je ne ferai pas moi-même. Dans ce dynamisme d’équipe, un binôme est fondamental : celui de directeur pays et responsable de desk. Les notions de confiance et de soutien doivent faire partie intégrante des relations. Cela doit être un partenariat qui permet l’autonomie de la mission et du directeur pays sans l’abandon. Cette relation est parfois merveilleuse, parfois houleuse. Des relations humaines dans leur entièreté. Nous portons le desk et l’équipe la vision stratégique des missions, les idées innovantes et les projets dans un objectif d’accompagnement des populations afin de retrouver leur dignité.

Le quotidien d’une équipe « desk ».

Le quotidien d’une équipe desk au niveau du siège est d’accompagner et remplacer le cas échéant, les personnes sur le terrain. Être le second cerveau de la compréhension d’un contexte, les seconds yeux d’une relecture de rapport, les secondes oreilles sur la qualité d’un programme.

Afin de ne pas mettre en danger nos réponses, le siège prend parfois le relais lors de l’absence de membre de l’équipe sur la mission.

Notre quotidien est de soutenir et d’accompagner l’autonomie de nos missions sans jamais « couper le cordon ». On me reprocherait que trop m’impliquer dans le suivi de mes missions. Mais, je le sais : je suis et je resterai une humanitaire de terrain. On ne me changera pas.

Comme dans chaque métier, parfois les maitres d’orchestre donnent le ton. Chez nous, on pousse pour atteindre de nouvelles populations dans le besoin.  Cependant, il ne faut pas méconnaitre la fatigue de nos équipes terrain qui sont loin de chez eux, dans des contextes souvent très difficiles. Il est d’autant plus important pour mon équipe siège de soutenir ces équipes terrains, en leurs permettant de souffler, en allant sur place, en mettant les mains dedans…

Enfin, un des rôles du desk est d’être la voix de nos missions, à la fois en interne mais aussi en externe. Définir, décrire, apporter les messages des bénéficiaires au plus près des politiques, des médias, des instances internationales…pour ne pas oublier, pour continuer à mettre la lumière sur les situations dans lesquelles vivent les personnes que l’on aide.

Je me répète surement mais pour moi, une responsable de desk, c’est un desk, c’est une équipe, plusieurs cerveaux, plusieurs intelligences. Un ensemble soudé, tendu vers un seul but : venir en aide aux populations qui se trouvent dans le besoin.

Justine Muzik Piquemal.
Responsable géographique République Démocratique du Congo, République Centrafricaine, Soudan et Mozambique

Juriste en droit des Religions, Justine Piquemal Muzik est en constante formation. Elle a commencé sa carrière dans la négociation pour l’accès humanitaire auprès des militaires d’état ou de fait. Elle est aujourd’hui responsable géographique chez Solidarités International et elle suit actuellement RCA, RDC, Soudan et le Mozambique. D’un pays à l’autre, crise après crise, chaque route parcourue lui permet de supporter les équipes à atteindre les personnes les plus vulnérables.