Aide humanitaire mondiale 2018 : les chiffres et les tendances


Vous retrouverez les résumés des GHAR 2019, 2020 et 2021 sur le site de Défis Humanitaires, dans la rubrique « Études » .


Le « Global Humanitarian Assistance Report » 2018 porte sur l’année 2O17. Il est publié chaque année depuis 2000 par Development initiatives Poverty Research Ltd, basé à Bristol en Grande Bretagne. Il est publié avec le soutien du Canada, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, du Danemark et de la Suède. De nombreux experts et organisation y contribuent.

Ce rapport apporte une vision chiffrée et statistique de l’action humanitaire internationale. Défis Humanitaires présente une synthèse à l’aide de 8 questions, sur les 28 présentées dans le rapport, et publie les graphiques avec un texte de présentation pour chacun. Le « GHAR Report 2018 » complet est accessible en cliquant ici.

 

L’aide humanitaire internationale entre 2013 et 2017

Alors que les besoins humanitaires sont toujours croissants, on observe un ralentissement des financements internationaux. L’augmentation annuelle passe de 20 % entre 2013 et 2014 à 3 % entre 2015 et 2017. Néanmoins, en 2017, le gonflement du montant des dons privés a permis de compenser la stagnation des dons institutionnels, permettant d’atteindre à nouveau un record dans le financement de l’assistance humanitaire internationale.

 

Les 10 plus gros bénéficiaires d’aide humanitaire en 2016

Comme durant les quatre années antérieures, 60 % des allocations aux pays sont distribuées aux  10 premiers receveurs d’aides. Parmi ceux-ci, le Soudan et la RDC sont absents pour la première fois depuis, respectivement, 1999 et 2011. Si la guerre reste le premier facteur direct de besoins d’aides humanitaires, la gestion des migrants en provenance de ces pays en crise est elle aussi déterminante puisqu’elle a conditionné les importants montants des aides reçues par la Turquie et la Grèce. Ces deux pays ont par ailleurs bénéficié, avec l’Irak, de la plus importante augmentation de dons entre 2015 et 2016, preuve du rôle de plus en plus grand que prend la question des déplacés forcés dans les crises actuelles.

 

Aide Publique au Développement (APD)

L’augmentation constante de l’aide humanitaire aux 20 premiers bénéficiaires depuis 2007, rapportée en pourcentage de l’APD (hors aide humanitaire), montre que, malgré la croissance de l’APD, l’aide humanitaire croît trois fois plus rapidement. Ainsi, en 10 ans, l’APD hors aide humanitaire a augmenté de 41 %, contre 124 % pour l’assistance humanitaire vers ces pays. Cette tendance de croissance de l’aide humanitaire plus rapide que celle de l’APD ne concerne que les 20 premiers bénéficiaires : en effet, pour les autres pays, les deux types de financement progressent en parallèle, à vitesse égale. L’aide humanitaire reste donc équivalente à plus ou moins 6 % de l’ADP hors humanitaire.

Durant cette même période, la configuration de l’APD a évolué, puisque la part des actions non-humanitaires est tombée de 85 % à 71 %. La montée en puissance de l’aide humanitaire au sein de l’APD n’a pas été suivie par les autres types d’aides.

 

Les 20 plus gros contributeurs de l’aide humanitaire – gouvernements et institutions européennes

Turquie: L’aide humanitaire reportée comprend les dépenses liées à l’accueil des réfugiés syriens, ne permettant pas une réelle comparaison avec les autres pays donateurs faute de critères communs.

Cette année encore, les 20 plus importants donateurs contribuent à fournir une majorité de l’assistance humanitaire internationale. Les trois premiers donneurs prennent en charge 59 % du montant des aides en 2017, soit 2 % de plus qu’en 2016.  En parallèle du montant de l’aide humanitaire globale (voir figure 2.1 ci-dessus), les donations ont augmenté en 2017. Néanmoins, le rythme de la croissance annuel faiblit d’année en année, passant de 24 % en 2013 à 1,6 % en 2016.

 

Total des financements des fonds communs gérés par les Nations unies, de 2008 à 2017

Les fonds communs sont, en accord avec les objectifs de l’Agenda for Humanity, des systèmes de financement flexibles permettant des réponses rapides et collectives aux crises. Ceux gérés par l’ONU ont atteint un nouveau record de financement de 1,3 milliard de dollars, pour la cinquième année consécutive. Deux tiers de ces fonds sont issus de cinq pays depuis 2015 : le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Norvège.

 

Financement direct des intervenants locaux et nationaux

La transition vers plus de localisation est, pour le moment, loin d’être atteint. Alors que l’objectif à 2020 stipule que 25 % de l’investissement international humanitaire devra parvenir aux organisations locales et nationales, par le biais les plus directs possible, seules 2,9 % des aides directes sont à destination de ces organisations. Les gouvernements captent la majeure partie de ces aides. C’est néanmoins une avancée puisque ce chiffre n’était que de 2 % en 2016.

 

Nombre et besoins d’appels annuels et multi-annuels de 2013 à 2017.

Le GHA Report estime que le financement du développement à long terme n’est pas adéquat. Si l’objectif d’augmenter le financement pluri-annuel n’est pas encore vérifiable faute de chiffres disponibles, l’étude des appels au financement est un indice de l’avancée vers l’engament d’accroître la planification collaborative multi-annuelle. Or, comme le montrent les graphiques ci-dessus, on observe une réduction des appels pluriannuels en 2017, allant à l’encontre des visées du programme et des besoins croissants du Plan régional réfugiés et résilience en Syrie qui compte pour 55 % du total des besoins en financement multi-annuel.

 

Une connexion pauvreté-risque-vulnérabilité au centre de l’équation des crises.

En mettant en exergue le lien entre pauvreté, vulnérabilité et crise, le rapport souligne le besoin d’apporter des réponses profondes et à long-terme dans le financement et la gestion de crise. Les populations pauvres ont une capacité de résistance aux chocs qui est faible, du fait de ressources limitée qui sont encore par les situations de crise. Ainsi, sur les 2 milliards de personnes pauvres dans le monde, 47 % vivent dans un environnement fragile et/ou écologiquement vulnérable.

 

Le « Global humanitarian assistance report 2018 » est disponible sur le site de development initiatives.

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