Par Hamada Ag Ahmed.
Mon boulot c’est faire pousser des tomates là où il y en n’a pas pour ceux qui en ont besoin (entre autres ou vacciner selon le besoin).
Avant, il fallait un bon agronome, des semences, de l’eau et un arrosoir. Ce n’était pas assez pro paraît-il…
Maintenant pour la même petite tomate, à peine exagéré, il faut rencontrer un ministre, l’inspecteur du travail, gagner ou perdre un procès, 10.000 mails qui n’ont rien à voir avec la fameuse tomate, 50 rapports y compris d’incidents. S’assurer qu’il y a autant d’agronomes hommes que femmes et en plus qu’ils respectent des règles à la con comme “ne pas faire de test de reproduction entre eux”. Avoir 5 analyses de contexte-sécurité et un plan d’hibernation voire d’évacuation. Mobiliser 3 anthropologues pour savoir si la tomate a une âme dans la culture ancestrale du milieu. 5 nutritionnistes et le fameux monitoreur-évaluateur niveau Bac+12. Plancher sur 50 indicateurs. Imaginer toutes les hypothèses risques et définir une mesure d’atténuation fictive pour chacune. Evaluer ex-ante au moment de la mise en place. Au milieu quand la plante bourgeonne. Ex post quand la tomate est consommée. Réunir des équipes autour de l’appel d’offre pour l’arrosoir afin de vérifier la conformité des colonnes et des lignes budgétaires. Refaire 3 suivis budgétaires avec différents types de tomates et plusieurs organigrammes prospectifs des équipes. 2 audits externes qui coûtent 30.000 fois le prix de la tomate. A la fin, dans le vrai, le plus souvent la tomate est pourrie parce que simplement pas arrosée pendant qu’on était en plein reporting.
Avec ça je suis maintenant hyper à la pointe du pro paraît-il.
J’ai un doute…
Hamada AG AHMED (Wandey)

Biographie d’Hamada Ag Ahmed
- Responsable desk Afrique/Haïti au Secours Islamique France.
- Chef de mission pour plusieurs ONG (dont la Croix-Rouge, Solidarités International, Action Contre la Faim, Save the children et OXFAM).
- Observateur multiculturel de l’évolution des pratiques opérationnelles en humanitaire et développement.
2 réflexions au sujet de « La tomate à l’épreuve des procédures »