
Nous publions ci-dessous des lettres qui nous proviennent du Haut-Karabagh ou Artsakh qui est victime d’un blocus complet de l’Azerbaïdjan depuis le 12 décembre. Lisez ces lettres de jeunes écolières et de mères de familles qui vivent sur place et qui témoignent des conséquences du blocus, de leur inquiétude comme de leur courage. Ces lettres ont été traduite par Nelly, professeur de français. Lisez-les pour mieux comprendre ce qui se passe là-bas et la solidarité que nous leur devons. Ce blocus doit être levé.
Bonjour cher lecteur,
Je m’appelle Nathaly Golovtchenko et j’ai treize ans. Mon père est Ukrainien et ma mère est Arménienne d’Artsakh, duHaut-Karabakh. Je suis née à Stépanakert et je suis en huitième classe. J’aime bien les langues étrangères : au collège, j’apprends le russe, l’anglais et l’allemand, mais je prends aussi des cours individuels de français. J’aime l’art et la peinture me passionne. Cela fait déjà plus d’un mois que nous sommes en blocus en Artsakh car les soi-disant ‘’écologues’’ azéris ont fermé l’unique route reliant mon pays à l’Arménie et au monde extérieur. En plus, nous avons plusieurs coupures irrégulières d’électricité par jour d’une durée de 4 heures et les azéris ont aussi coupé le gaz. Voilà pourquoi les écoles sont fermées aujourd’hui et je ne peux pas obtenir une bonne éducation. Les enfants sont aussi privés de communiquer entre eux. Je vis une période difficile en ce moment : d’une part je suis en contact avec ma grand-mère et mon oncle qui sont en Ukraine sous des bombardements constants, sans électricité, chauffage et eau et d’autre part, je vois l’expérience de mes parents qui ont déjà vécu une période pareille. Chaque jour je me réveille avec une pensée ; la guerre recommencera-t-elle ? Je m’adresse à tous ceux qui ne sont pas indifférents envers le sort de mon peuple, je veux que vous éleviez votre voix pour la défense des enfants d’Artsakh. Nous voulons vivre pleinement notre enfance comme le vivent les enfants dans vos pays, nous voulons voir le soleil sans craindre qu’il ne soit couvert de nuages noirs… Nathaly Golovtchenko 13 ans, habitante d’Artsakh |

Chers amis,
Je suis Anouche et j’ai trente ans. Je suis née à Stépanakert, capitale d’Artsakh et je suis mère de deux enfants. Cela fait déjà trois ans qu’un chaos nous a pris et il continue encore… Nous sommes en blocus depuis plus de 40 jours déjà, la seule route reliant l’Artsakh à l’Arménie, la route de la vie est bloquée par les soi-disant ‘’écologues’’ azéris. Plusieurs familles sont divisées : une partie se trouvant en Artsakh, l’autre partie ne pouvant pas les premiers et se trouvant à Goris ou à Erévan où ils sont hébergés temporairement et parmi eux des enfants qui sont restés sans soins parentaux. Nous avons une pénurie de produits alimentaires, de médicaments, nous sommes sur le seuil d’une crise humanitaire et nous sommes prisonniers dans notre patrie. Plus de 3000 personnes ont perdu leur travail. Nous avons plusieurs coupures d’électricité par jour. Depuis le 21 janvier il y a des coupures d’une durée de 4 heures et cela plusieurs par jour, pas de gaz et imaginez le froid de l’hiver d’un pays montagneux! Aujourd’hui, mes enfants sont privés de droit d’apprendre, d’aller à l’école, de vivre leur enfance, d’être joyeux, de jouer. Je ne vois que de la tristesse dans leurs yeux. Mes chers enfants, espiègles et bavards, sont devenus fermés et silencieux. Ce n’est pas normal ! Je veux m’adresser aux structures internationales et à l’ONU surtout aux femmes, aux mères de ces organisations en leur demandant d’arrêter cette action d’Azerbaïdjan et de respecter nos droits. Nous avons le droit de vivre sur notre terre ! L’Artsakh est notre maison, notre foyer saint, notre enfance et notre histoire, créée au fil des siècles. L’Artsakh était et sera toujours !!!! Anouche, habitante d’Artsakh |

Bonjour à tous,
Je m’appelle Inessa et j’ai treize ans. Je suis en huitième classe de l’école N10 de la capitale d’Artsakh. J’aime beaucoup la musique, je fais du piano à l’école de musique Komitas et je chante dans la chorale du Centre créatif de Stépanakert. Le 10 décembre, avec mes amis musiciens je suis partie à Erévan pour participer au concours musical d’Eurovision. Le 12 décembre, nous avons repris la route Erévan-Stépanakert remplis de très jolies impressions et de joie. Mais toute cette joie s’est transformée en inquiétude et tristesse quand nous avons appris à mi-chemin que la route avait été fermée par les azéris. C’est la seule route qui relie mon pays à l’Arménie. Nous avons donc attendu plus de 5 heures dans le bus dans l’espoir que la route serait ré-ouverte mais ces heures se sont transformées en jours, en semaines et puis en un mois complet… Nous étions tous déçus et tristes parce que nous ne pouvions pas rejoindre nos familles. Nous étions guidés par Aïda Gyandjumian, charge des affaires culturelles du Ministère de l’Education et de la Culture. Elle nous a accompagnés tout au long de notre séjour à Erévan et à Goris, où nous étions logés dans un hôtel. Nos journées étaient bien remplies : on organisait des excursions, des évenements culturels où de célébres chanteurs et acteurs arméniens venaient nous voir. Nous avons passé 37 jours à Goris loin de nos familles et amis, nous étions tristes…. Un jour, lorsque nous marchions dans les rues de Goris, on nous a appelés et on nous a dit de nous préparer le plus vite possible, car nous allions retourner à Stépanakert. Vous ne pouvez pas imaginez notre joie ! On a d’abord pensé que la route était à nouveau ouverte, mais non… C’était grâce aux efforts des soldats de la paix russe que 19 membres de notre équipe ont pu regagner leurs familles. Lorsque nous étions en route vers Stépanakert, notre bus a soudainement été arrêté par les azéris et nous avons eu très peur. Ils sont entrés dans le bus en criant et en parlant leur langue. Nous nous sommes tous reculés et une fille a même perdu la conscience. Moi, j’ai baissé ma tête pour ne pas voir l’ennemi. Grace aux soldats de la paix russes nous avons pu retourner chez nous. À Goris, nous étions devenus une grande famille grâce à Aïda Gyandjumian, nous la remercions bien. Ma famille, mes amis et ma chorale me manquaient fort…. Inessa Babaïan 13 ans, habitante de Stépanakert |

Bonjour
Je suis Mané, j’ai 13 ans. Je suis née et je vis à Stépanakert, en Artsakh. J’apprends le français depuis 3 ans, j’apprends aussi le russe et l’anglais. J’aime la danse. Ça fait déjà 44 jours que nous sommes coupés du monde extérieur et que nous sommes bloqués par les azéris dans notre propre pays. Maintenant, nous n’avons pas de gaz car les azéris l’ont coupé, pareil pour l’électricité qui est coupée pendant 6 heures par jour. Nous sommes privés de la possibilité d’aller à l’école. Les magasins sont vides, des centaines de personnes ont perdu leur emploi. Dans ce froid, les gens doivent faire la queue pendant des heures pour acheter 5 œufs. Aujourd’hui, nos droits sont bafoués, et le monde est indifférent envers nous : 120.000 habitants de mon pays sont bloqués, la seule route qui nous relie au monde est fermée. Je suis une petite fille qui vous demande d’aider à rétablir nos droits à la vie et à être libre. Mané Haïapetian |

Bonjour chers lecteurs,
Je m’appelle Gayané Aghabekian, j’ai 13 ans, je suis née et je vis dans la ville que je pense être l’endroit le plus beau : Stépanakert, la capitale d’Artsakh, qui a une nature surnaturelle, une propreté inimaginable, une candeur indescriptible et des gens honnêtes et hospitaliers. Hélas, tout n’est pas si simple…. Sous la pureté et la gentillesse de ces gens se cachent une douleur et une privation indescriptibles que l’Artsakh mais aussi l’Arménie ont vu et ressenties pendant des années. Durant des années, nos droits ont été violés et bafoués, mais le monde a fermé les yeux sur notre situation, sur nos innombrables victimes, nos privations de libertés et sur la douleur et la souffrance de notre peuple et des milliards de faits qui rappellent une fois de plus tout cela. Le Grand Génocide (ou génocide arménien) de 1915, a été planifié par le parti des Jeunes Turcs “Ittihat ve Teraki”, et plus précisément par Taliat, Cemal et Enver, les dirigeants de ce parti. Plus de 1,5 million de personnes ont été tuées, pourtant le monde est resté silencieux et aveugle. Personne ne s’intéressait à la vie et au destin de ces 1,5 million de personnes. En 2020, la guerre arméno-azerbaïdjanaise à fait plus de 7630 soldats morts et des centaines de soldats prisonniers. 31 civils sont décédés et de nombreux citoyens d’Artsakh sont restés sans abri. Le 9 novembre, l’accord de capitulation a été signé, après quoi la capitale de Stépanakert est tombée dans un blocus. Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan a fermé la route de notre vie et nous sommes dans un blocus. J’ai du mal à me rappeler quel est le jour précis où le blocus a commencé. Les écoles ne fonctionnent pas car le gaz est coupé, l’électricité est donnée sur un horaire et la nourriture est donnée sur un ticket. Cet hiver est très froid, il n’y a pas de moyen de se réchauffer, mais dans ces conditions, la véritable humanité, l’honnêteté et l’hospitalité des habitants de l’Artsakh peuvent être perçues. Les gens partagent leur dernier morceau de pain, les uns avec les autres car les magasins sont déjà vides. La véritable inhumanité que nous voyons est le monde qui reste indifférent à notre situation. Pendant ces jours, j’ai réalisé ce qu’est le vrai bonheur, même s’il n’était pas grand, j’ai appris à être heureuse avec de petites choses, mais j’ai aussi ressenti une douleur incurable que je n’oublierai jamais. Aujourd’hui, 120 000 personnes sont toujours en blocus, notre seule route qui nous relie au monde est fermée, nous n’avons pas de nourriture, ni de gaz et d’électricité. Monde, pourquoi devrais-je me taire ? Nos droits sont violés, mais vous vous taisez. Moi, en tant que petite fille arménienne d’Artsakh, je vous demande, à vous et à chaque personne, de briser ce silence et de lutter pour nos droits et notre vie, pour notre liberté et notre volonté inébranlable, de lutter contre le vandalisme, à cause duquel nos centres historiques et culturels sont en train d’être détruit. J’aurais aimé être quelqu’un qui ne s’est pas réveillé au son des explosions d’obus, qui n’a pas ressenti la douleur de la guerre et je ne veux pas que quelqu’un la ressente à nouveau. Maintenant, je vous demande, à vous tous qui lisez ceci, de réveiller le monde. Nous aussi, nous faisons partie du monde où vous vivez et nous aussi, nous avons avons des droits… #L’Artsakhestfort #Արցախնուժեղէ Gayané Aghabekian |

Bonjour à tous,
Je suis Raïssa, résidente d’Artsakh et je suis une lycéenne qui est privée du droit d’étudier. Depuis le 12 décembre 2022, la République d’Artsakh est assiégée par un groupe de soi-disant éco-activistes azéris qui continue de recevoir de l’aide du gouvernement azerbaïdjanais pour bloquer le couloir de Berdzor, ce couloir qui est vital pour mon pays…. La fermeture du couloir a conduit à l’isolement de toute la population du monde extérieur. À la suite du blocus, il y a eu des problèmes d’approvisionnement en nourriture et en médicaments mais aussi des coupures de gaz et d’électricité par des azéris. Tout cela nous est livré d’Arménie mais le blocus a tout arrêté ! Depuis ce 19 janvier 2022, le processus éducatif pour 20 000 élèves dans 117 écoles d’Artsakh a été suspendu. Tous les enfants du monde ont droit à l’éducation, mais pour le moment, nous, citoyens d’Artsakh, nous en sommes privés. Raïssa Saroukhanian Habitante de Stépanakert |

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, article N1 de la Déclaration Universelle de l’ONU. Une phrase qui paraît normale, qui dit que oui tous les êtres ont les mêmes droits. Comparons alors la situation actuelle d’Artsakh /Haut-Karabakh/, les droits violés de ses habitants au respect de cette phrase. 24.01.2023, 21-ième siècle Cher lecteur, Je sais que tu es au courant de la situation actuelle d’Artsakh, je sais que tu sais que mon pays est en blocus depuis 44 jours déjà. Je sais que tu es au courant de la guerre cruelle déclanchée par l’Azerbaïdjan en septembre 2020. Je sais que tu es également au courant que des munitions interdites par les Conventions Internationales, y compris du phosphore blanc, ont été utilisés par les azéris. Tu sais aussi que la communauté internationale n’a rien fait pour pallier cela ! Nous le savons aussi. Mais je sais aussi que des lecteurs vont aussi peut-être lire ces phrases. Je leur demande : Vous allez tous bien, n’est-ce pas ? Cela fait déjà 44 jours que le peuple d’Artsakh vit encore une nouvelle tragédie, une nouvelle guerre psychologique et économique. Blocus de la route de la vie ! Beaucoup ne savent pas mais cette route fermée est vitale pour nous, d’abord c’est la seule route qui relie mon pays à l’Arménie et au monde extérieur. Beaucoup de services médicaux sont absents dans mon pays, voilà pourquoi des patients sont souvent obligés de partir en Arménie pour suivre un traitement. Certaines formations ne sont pas proposées par nos universités, voilà pourquoi des étudiants s’en vont en Arménie et à l’étranger. Aussi, beaucoup de produits ménagers et d’hygiène nous proviennent d’Arménie, tout comme beaucoup de produits alimentaires. Cette route, c’est une route de la vie, qui donne la possibilité de nous déplacer sur le territoire de notre pays, en Arménie et de voyager dans le monde. Aujourd’hui elle est bloquée par les azéris. Alors, imaginez un tout petit moment la catastrophe humanitaire qui est aujourd’hui présente en Artsakh. De plus, les azéris ont coupé le gaz, toujours en provenance d’Arménie. L’électricité est aussi coupée plusieurs fois par jour souvent d’une durée de 4 heures. Mon pays est montagneux : en hiver il fait très froid et cet hiver est encore plus froid que les précédents. Alors imaginez, s’il vout plait, la situation ! Les gens ont dû installer des fours à bois dans les appartements mais à cause de pénurie totale de carburant et de gaz, il est impossible de transporter du bois. Le quotidien d’un Artsakhtsi a complement changé, c’est un quotidien qui ressemble à celui des années 1990. Pourtant, tout avait été bien rétabli après la première guerre : la vie était belle, nous étions heureux sur la terre de nos encêtres. Oui, Artsakh est une terre arménienne, nous n’avons pas manqué de preuves témoignant de son identité. Blocus…. Plus de 3000 personnes ont perdu leur travail. C’est pour les plus petits que c’est le plus dur, mais les parents courageux d’Artsakh essayent de tout faire pour réconforter leurs enfants. Bien sûr, ils sont gênés par la pénurie de nourriture saine et de fruits et légumes qui manquent depuis des semaines déjà. Mais ils sont forts, ces parents d’Artsakh. Lorsque l’électricité est coupée et qu’il fait froid la plupart des gens qui n’ont pas de moyens de se réchauffer auprès du four à bois se couchent plus tôt que d’habitude et ce n’est pas pour dormir, c’est pour ne pas avoir froid. Quand les pensées nous tourmentent, on se pose mille questions et on se demande : « pourquoi est-ce que cette règle d’’or’’ mentionnée ci-dessus fonctionne partout dans le monde mais pas pour nous ? Lorsque les gens font des queues qui durent plusieurs heures, non pas pour visiter quelques sites touristiques comme le font les gens partout dans le monde, mais bien pour acheter quelques oeufs ou un demi kg de sarrasin. » D’ailleurs, des tickets de rationnement sont en place : on peut acheter un demi kg de sarrasin, de sucre, de pâtes et une bouteille d’huile pour un mois seulement. Alors, on se pose la question : « Pourquoi est-ce que les supermarchés sont remplis partout dans le monde mais les habitants de mon pays ne voient que des rayons complètement vides, et tout cela à cause du blocus ? » Cette règle d’’OR’’, mentionnée dans la Déclaration Universelle de droits de l’homme de l’ONU n’a-t-elle pas besoin d’être changée ? Tous les êtres humains sont-ils réellement libres et égaux ? En 2018, l’Assemblée générale a fait passer une résolution faisant du 24 janvier la Journée internationale de l’éducation pour célébrer son rôle crucial au service de la paix et du développement. Aujourd’hui, les écoliers et les étudiants sont aussi privés de ce droit. Les écoles maternelles, les centres éducatifs, les écoles et universités sont tous fermés… Non, cher lecteur, ne croyez pas que nous sommes naïfs, nous sommes tout à fait conscients de ce qui se passe ! Une seule chose est sûre, le mal revient toujours à celui qui le prodigue. Cela peut bien prendre du temps, voire des années, mais il reviendra absolument ! Dieu existe et il recompensera chacun selon ses mérites ! |

Bonjour à tous,
Je suis habitant d’Artsakh. Comme beaucoup d’enfants d’Artsakh, le 10 décembre 2022 je suis aussi parti participer au concours d’Eurovison qui s’est tenu cette année à Erévan. Le 12 décembre lorsque nous étions en route vers Stépanakert nous avons appris que la route était fermée par les soi-disant éco-activistes azéris et nous avons dû rester dans un hôtel à Goris, pendant 37 jours loin de nos familles et de nos amis. Un jour, lorsque nous étions sortis marcher un peu dans la ville, on nous a appelés et informés de vite se préparer pour retourner à Stépanakert. C’était bien inattendu. Nous n’avions que 30 minutes à peine pour partir et puisque la nourriture manque en Artsakh, nous avons acheté quelque fruits et légumes pour nos familles. Nous étions 19 et nous avons pris places dans deux voitures des soldats de la paix russes. Devant et derrière nous il y avait encore deux voitures et nous, nous étions au milieu, les Russes nous guidaient. Soudain, nous avons été arrêtés par les azéris, ils ont ouvert la porte de la voiture, sont entrés en parlant fort leur langue et ils ont commencé à filmer. Au moment où ils filmaient je n’avais pas très peur, ils m’ont même proposé du jus mais j’ai refusé. Quand les Russes leur ont demandé de quitter la voiture et qu’ils ont refusé, je me suis alors inquiété. Dans notre voiture il y avait surtout des filles, des femmes et quelques jeunes hommes. Tout le monde a eu peur et certains ont baissé la tête et caché leur visage, mais moi, je me suis tenu tout droit en suivant les actions de l’ennemi pour pouvoir me défendre et entreprendre quelque chose s’ils nous attaquaient. Une des filles a eu très peur et elle a perdu connaissance. Tout cela a bien duré trois heures. Dans l’autre voiture, il y avait plus de jeunes hommes, ils ont résisté et empêché les azéris de filmer. Tous ceux qui se trouvaient dans les voitures avaient 13, 14 et 15 ans, outre nos responsables. Quand les Russes les ont fait sortir, ils nous ont aussi demandé de quitter les voitures pour voir si les azéris n’avaient pas mis quelques armements explosifs dans les autos. Maintenant, nous sommes à Stépanakert mais la situation est inquétante : le gaz est coupé, il y a plusieurs coupures d’électricité par jour et il n’y a pas de pétrole. Je suis content de me trouver aujourd’hui avec ma famille, dans ma ville mais il y a une inquietude totale et une pénurie de produits alimentaires. |

Cher ami,
Je suis Arlenna Minassian, je suis en 7ième classe du collège N1 de la capitale d’Artsakh. J’aime fort mon pays, je me sens heureuse sur la terre de mes ancêtres. Aujourd’hui, moi ainsi que des milliers d’enfants d’Artsakh, nous ne pouvons pas aller à l’école parce que l’Azerbaïdjan a coupé le gaz et l’électricité provenant de l’Arménie. Il a bafoué notre droit à l’éducation. Outre cela, l’Azerbaïdjan a aussi fermé la seule route reliant mon pays à l’Arménie et au monde extérieur. Nous avons une pénurie de nourriture et de médicaments. Je m’adresse au monde entier : Aidez-nous à défendre nos droits. Les enfants d’Artsakh veulent vivre…. |

Bonjour mon ami,
Je fais partie des milliers de mères de Shushi qui voient maintenant leur maison de loin et ne peuvent plus y retourner. Des Azerbaïdjanais ou leurs frères, les Turcs, y vivent maintenant et se sont approprié tous mes biens. Par mon propre exemple, j’ai compris comment, depuis des temps immémoriaux, la Turquie et l’Azerbaïdjan ont prospéré aux dépens de la “pauvre” Arménie. Shushi est une ancienne ville arménienne située sur une haute falaise près de Stépanakert, la capitale de l’Artsakh. Elle est d’une importance stratégique, c’est pourquoi notre voisin essaie de l’obtenir depuis plus de 100 ans, s’étant déjà approprié de nombreuses terres fertiles de l’Artsakh. Mes grands-pères ont vécu ici, mes arrière-grands-pères sont enterrés ici. Il existe plusieurs anciens cimetières arméniens et un seul nouveau, petit – azerbaïdjanais. Après la libération de Shushi, nous sommes retournés dans notre ville en ruine et en 28 ans l’avons transformée en une oasis florissante, restaurant l’ancienne gloire du centre de la culture arménienne et chrétienne. Mais la guerre de septembre 2020 a tout détruit. Nous avions des maisons, une boutique, un jardin. Maintenant je n’ai plus rien. Pas de maison, pas de travail, ni même plus le magasin que mon fils avait pourtant construit de ses propres mains pendant sept ans, à partir de zéro, avec nos salaires, sans le soutien de personne. J’ai une famille de 5 personnes. Ma ville a été livrée à l’ennemi. Donnée d’un trait de plume. Nous nous sommes retrouvés sans rien, sans avenir et sans espoir. Ils sont des milliers comme moi… La guerre a tué nos fils, nos pères, nos frères. Toutes les familles sont en deuil. Depuis déjà 2 ans en Artsakh, ils ne rient plus, ne célèbrent pas les mariages et les anniversaires, ne mettent pas de musique. Les gens se promènent comme des fantômes. Hommes – aux épaules tombantes, femmes – aux yeux larmoyants. Toute une génération – des jeunes hommes nés en 2000, 2001, 2002- ont sacrifié leur vie pour leur patrie. Plus de 5 000 victimes. Plus de 10 000 blessés et handicapés. Plus de 2 000 disparus et prisonniers. Et combien de rêves ne se sont pas réalisés… Des filles qui ne deviendront pas mères, des enfants qui ne naîtront jamais… Des mères qui ne porteront que du noir… Des pères rattrapés par une crise cardiaque, car le cœur ne peut pas supporter tant de chagrin. L’Artsakh est devenu minuscule, presque comme notre cœur. Chaque jour, ils arrachent un morceau de notre cœur et le donnent à l’ennemi. Ce sont nos villages, nos terres. L’Artsakh a été trahie, nos âmes ont été détruites. C’est un génocide blanc. Chaque jour, des jeunes gens de vingt ans meurent à la frontière. Et ça ressemble à ça la paix ?! Un monde si fragile que l’on craint de respirer, sinon il s’effondre. Et le monde est silencieux. Le monde va bien. Cela fait 44 jours que l’Artsakh est sous blocus. L’Azerbaïdjan a fermé la seule route reliant l’Artsakh à l’Arménie. Ils ont fermé le gaz, il n’y a pas de lumière, pas de communication. Les écoles, les jardins d’enfants sont fermés. Les étudiants n’ont pas la possibilité d’aller à Erevan pour passer des examens, les enfants manquent à leurs parents restés là-bas, au-delà de la ligne. Les magasins et les pharmacies sont vides. C’est une catastrophe humanitaire. Et pourtant, nous sommes au XXIème siècle. Non, ce n’est pas en Afrique, c’est au centre de la civilisation, dans le premier pays chrétien. ALORS L’AZERBAÏDJAN NOUS FORCE A SIGNER LE TRAITE DE PAIX, où il est écrit noir sur blanc qu’il prendra soin des citoyens d’Artsakh. Voilà un tel “soin” !!! Oh mon Dieu, entends-tu ? Aidez-nous ! Ne laissez pas notre foi être ébranlée. Elle est la seule que nous ayons… |

Playdoyer pour les 120.000 arméniens du Haut Karabagh : https://defishumanitaires.com/