
Par Abdoulaye SENE et Patrick LAVARDE, co-présidents du Comité international du 9ème Forum mondial de l’eau.
Le Forum mondial de l’eau se tiendra à Dakar du 21 au 26 mars 2022 sur le thème de la sécurité de l’eau pour la paix et le développement. Il constitue un jalon important de la préparation de la conférence des Nations Unies qui fera le point en 2023 sur la mise en œuvre à mi-parcours de l’Objectif de développement durable n°6 dédié à l’eau et à l’assainissement.
Premier Forum à se dérouler en Afrique, là où l’accès à l’eau et l’accès à l’assainissement sont les moins avancés dans le monde, il va permettre de mettre en lumière l’écart immense qui existe entre les objectifs et la réalité. Cet écart est en particulier vrai en Afrique subsaharienne puisque c’est la région où le taux d’accès des populations à l’eau potable et à l’assainissement est parmi les plus faibles au monde. Or, sans accès à l’eau, il n’y a pas de garantie pour la santé, pas d’hygiène, pas de sécurité alimentaire. Cet enjeu pèse sur la vie quotidienne des populations qui se trouvent en situation de précarité vis-à-vis de l’eau. Il constitue un obstacle majeur au développement. C’est pourquoi le Forum donne une importance toute particulière aux enjeux de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Plus de la moitié des villes du monde connaissent des difficultés d’approvisionnement en eau et la concentration urbaine ne cesse de progresser. Le Forum s’intéressera bien entendu à la situation dans les villes, mais un focus tout particulier sera fait sur les zones rurales qui ont été souvent négligées voire oubliées. Il faut corriger les déséquilibres entre le rural et l’urbain en investissant massivement dans l’eau et l’assainissement en milieu rural pour améliorer les conditions de vie de la population comme le fait le Sénégal avec son « programme d’urgence et de développement communautaire ».

Grâce en particulier à l’implication de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL dans les travaux préparatoires, le Forum traitera également des questions spécifiques de l’accès à l’eau et à l’assainissement dans les situations d’urgence humanitaire avec l’ambition de proposer des réponses concrètes aux attentes des populations.
Plus généralement, la raréfaction de la ressource en eau frappe de nombreux pays en particulier dans la région du Sahel où l’eau est au cœur de la sécurité des populations et la condition du développement. Dans les zones rurales, les conflits s’exacerbent autour de tous les mouvements de population et entre les différents types d’usagers de l’eau, par exemple les éleveurs et les agriculteurs. La démographie en très forte croissance et les effets du dérèglement climatique font qu’il y a urgence à agir.
Le Forum de Dakar sera tourné vers l’action, car il est temps d’appliquer les solutions et d’apporter des réponses. Malgré une préparation très perturbée par le contexte pandémique, un millier d’institutions très diverses ont travaillé sur les quatre priorités (la sécurité de l’eau, l’eau et le développement rural, la coopération, les outils et moyens) structurées autour des cibles liées à l’eau des Objectifs de développement durable. Ces groupes multi-acteurs ont identifié des réponses concrètes qui seront présentées et partagées lors du Forum lors d’une centaine de sessions thématiques. S’y ajoute la centaine de projets concrets qui ont été labélisés dans le cadre de l’Initiative Dakar 2022.
Ce travail collaboratif a mobilisé à travers le monde des acteurs de toutes natures. Partager les réponses mises en œuvre ici et là est important, mais les adapter pour les répliquer et accélérer leur diffusion l’est encore plus. Pour atteindre les objectifs dans le domaine de l’eau, la coopération est indispensable, car aucun acteur ne peut réussir seul. Il faut aussi une bonne gouvernance et mobiliser des financements suffisants.

Enfin, la volonté politique est essentielle. Le Sénégal qui a été le premier à inscrire les enjeux de l’eau dans les travaux du Conseil de sécurité des Nations Unies, est particulièrement bien placé pour affirmer aux côtés du Conseil mondial de l’eau que les enjeux liés à l’eau doivent trouver une meilleure place dans les priorités de l’agenda politique aux différents échelons. Tel sera le premier objectif du sommet des chefs d’État et de gouvernement, mais également des rencontres des parlementaires, des autorités locales et des autorités de bassin.
Nous vous attendons nombreux en mars prochain à Dakar.
Abdoulaye SENE et Patrick LAVARDE
Cet article est paru dans le Baromètre 2022 de l’eau, l’assainissement et l’hygiène de l’ONG Solidarités International que nous publierons dans notre prochaine édition de Défis Humanitaires.
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Patrick Lavarde
Ingénieur général des ponts des eaux et des forêts, Patrick LAVARDE est membre permanent du Conseil général de l’environnement et du développement durable. Il a été gouverneur du Conseil mondial de l’eau (2012-2018) et président de l’Association internationale des ressources en eau (IWRA) entre 2016 et 2018. Il a contribué à l’organisation du 6ème forum mondial de l’eau à Marseille, notamment comme co-président de la commission thématique, et était membre du bureau du comité de pilotage international du 8ème forum à Brasilia. Il a créé l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques dont il fut le directeur général de 2007 à 2012. Entre 1998 et 2007, il a occupé les fonctions de directeur général de l’Institut national des sciences et technologies de l’environnement et de l’agriculture. Auparavant, il a exercé différentes responsabilités dans l’administration centrale et déconcentrée dans les secteurs de la forêt, de l’eau et de l’agriculture.
Abdoulaye Sene
Président du comité national pour l’organisation du 9ème Forum Mondial de l’Eau, « Dakar 2021 ».
Président du Conseil d’Administration de la SOGEM/OMVS (2013-2017).
Président-fondateur du Think-tank international Global Local Forum.
Député et Président de la Commission du Développement et de l’Aménagement du Territoire de l’Assemblée Nationale de la République du Sénégal, ( 2007-2012).
Président du Conseil Régional de Fatick (2002-2009).
Conseiller Spécial du Ministre des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique du Sénégal (2001-2002). Chef de la Mission d’Etudes et d’Aménagement des Vallées Fossiles (1994-2000).
Directeur national de l’Hydraulique et du Génie Rural (1984 à 1994).
Expert, en Hydraulique, changements climatiques, Décentralisation, Gouvernance et développement local.
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