Crédits : Thomas Gruel. Monguno, Nigéria, 2016.
Les organisations humanitaires ont rencontré Jean-Yves Le Drian le 20 février dans le cadre du Groupe de Concertation Humanitaire (GCH) et nous avons partagé le même constat : celui de l’explosion du nombre de personnes en danger à secourir à travers le monde.
Dans le même temps, nous constatons un manque de financement criant puisque sur les 40 milliards de dollars indispensables, il va encore manquer cette année environ 15 milliards pour secourir les populations en danger.
La situation dramatique de la Ghouta, ce quartier à l’est de Damas avec ses 400 000 habitants est là pour nous alerter sur un risque de « cataclysme humanitaire » comme cela est aussi le cas pour les Rohingyas au Bangladesh et au Myanmar. L’offensive turque contre les Kurdes en Syrie à Afrin et la tension entre l’Iran et Israël n’augurent rien de bon. Après la victoire sur Daesh, la guerre continue.
En France, le Conseil des ministres du 21 février vient de valider les conclusions du CICID et l’augmentation de l’Aide Publique au Développement qui devrait passer progressivement sur quatre ans de 9.3 milliards d’euros en 2017 à 15.3 milliards en 2022. Alors, disons-le, c’est une bonne nouvelle après une baisse ininterrompue de l’APD depuis 2011 malgré les déclarations d’intention !
Après le CICID, la prochaine étape est la Conférence Nationale Humanitaire (CNH) du 22 mars qui sera l’occasion de la présentation de la nouvelle Stratégie Humanitaire de la République Française (SHRF) 2018-2022, élaborée par le Centre de Crise et de Soutien du Quai d’Orsay en lien avec les ONG.
L’enjeu central pour les ONG humanitaires est clair. En quoi cette stratégie va-t-elle améliorer l’écosystème humanitaire français dans l’action internationale ? Qu’il s’agisse du partenariat de l’Etat avec les ONG françaises, qu’il s’agisse de la contribution de la France à l’aide humanitaire internationale en financement, en participation au Grand Bargain et enfin, en engagement politique au niveau des Nations-Unies pour faire respecter le Droit International Humanitaire et assurer un leadership pour gagner la paix dans les guerres. Tout cela reste à faire !
Finalement, la seule question qui vaille est de savoir si nous serons à la hauteur des défis humanitaires immenses qui nous font face ou si nous resterons dans une démarche de suivisme et de rattrapage. La France et l’aide humanitaire valent bien mieux que cela, tant pour sauver des vies que pour trouver des solutions durables aux conflits et aux catastrophes.
Alain Boinet.
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