Il faut compter les périodes d’engagement des humanitaires dans le calcul des retraites !!

Pierre MICHELETTI a lancé cette pétition : Signer ici

Madame la Première ministre, Mesdames et messieurs les responsables syndicaux, simplifiez la reconnaissance des trimestres disparus ! Favorisez une retraite décente aux moins protégés de ces jeunes volontaires maintenant devenus vieux. Car ces trimestres d’alors étaient bien remplis.

Il faut étendre la prise en compte des périodes de volontariat international à l’ensemble des humanitaires engagés avant la loi de 2005, dès lors que sont produits des justificatifs. Il faut que les différentes caisses de retraite arrêtent leurs arguties de vocabulaire pour reconnaître la valeur des attestations fournies par les ONG.  

Ils ont été des milliers. En Afrique, en Amérique centrale, en Asie. Du Biafra à Soweto, du Guatemala de Rios Mont au Chili de Pinochet, de la Mer de Chine aux Montagnes afghanes. Ils étaient jeunes, pleins de rêves, de générosité et d’envies d’autres cultures. Ingénus souvent, ignorant parfois les ressorts intimes des guerres et de la misère dont ils venaient aider à corriger les dégâts. Curieux, voyageurs, soignants, bâtisseurs, techniciens ou enseignants…

Ils ont donné leurs journées, leurs nuits, des mois entiers, sans compter. Ils ne savaient pas – et c’est bien ainsi car quelle tristesse qu’une jeunesse sans insouciance – que ces belles années, un jour, seraient fragmentées. Qu’elles seraient reformulées en unités de temps qui n’appartenaient pas alors à leur vocabulaire. Plus tard, ils le découvriront, il leur faudra changer d’échelle et convertir ces années de passion en TRIMESTRES quand ils seront devenus éligibles au statut de presque retraités. Car ce qu’ils ignoraient, en ces années 70 et 80, c’est que leur posture de volontaires les aura privés de cotisations. Empêchant, le moment venu, de reconnaître qu’ils ne furent pourtant pas inactifs. Eux, ces humanitaires choyés par les médias, valorisés par les politiques, baroudeurs pour de vrai ou héros de romans. Eux, les sans-frontières, les citoyens du monde, idéalistes de tous les pays, ne connaissaient pas encore ces tribus lointaines que fréquentaient pourtant assidûment leurs parents : les Carsat, les Agirrc-Arrco, les Carmf, les Cnracl, les Ircantec, et tant d’autres qui bientôt nourriront leurs insomnies. Ce sont des peuples grands-commerçants : comptant chichement les trimestres en échange de leurs oboles.

A peine les analphabètes du formulaire administratif, ignorants du lendemain, dresseront-ils une oreille quand sera promulguée la LOI n° 2005-159 du 23 février 2005 relative au « contrat de volontariat de solidarité internationale ». D’aucuns auront fugacement l’intuition qu’il s’est alors passé quelque chose qui les concerne. Ils comprendront plus tard : avec cette loi il devient nécessaire que les organisations qui les mandatent se préoccupent de la sécurité des nouvelles générations à leur retour de terres lointaines. De leur couverture maladie comme de leurs cotisations vieillesse.

Pour ceux qui se sont engagés avant cette loi, s’installe insidieusement le moment où l’espérance d’une vie-digne se calcule en trimestres, cette fameuse unité exotique et incongrue, exclue du vocabulaire de leur jeunesse. Ils commencent à se débattre, pris en étau. D’un côté la technocratie qui a parfois gagné les organisations humanitaires elles-mêmes, dont les jeunes cadres regardent, dubitatifs, les interpellations de vieux briscards revendicatifs désireux de pouvoir justifier les fameux trimestres.

De l’autre, des caisses de retraite aux procédures variables, souvent tatillonnes, aux injonctions cassantes pour obtenir des attestations inconnues d’une époque où il n’existait pas de contrats de travail. Leurs demandes réitérées de documents ésotériques, avec des formulations différentes selon les caisses. Les délais de plusieurs semaines entre deux correspondances, alors que les échéances approchent. Chacune applique des règles distinctes, acceptant ou pas les documents produits par les ONG.

La pression se fait inexorablement plus étouffante. Soudain le sablier des temps modernes devient menaçant : il leur manque des trimestres ! Pas au point de faire oublier les belles années de découvertes, de rencontres et de fraternité, mais, pour une partie d’entre eux, au point de bientôt devoir compter, chaque fin de mois, l’argent qui leur reste.

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