Nous avons reçu ces deux lettres par l’intermédiaires de Nelly, professeur de français à Stepanakert, capitale du Haut-Karabagh ou Artsakh.

Bonjour cher lecteur;
Je suis Nelly et j’ai 34 ans, j’habite à Stepanakert. Je suis une jeune femme qui a aussi vécu la guerre en 2020 et au cours de laquelle j’ai perdu des amis et des proches. Malgré l’horreur et la dureté des évènements, j’ai pris une décision de rester chez moi pour encourager ma patrie natale avec ma présence. Après la guerre, j’imaginais que tout était fini et que nous allions reprendre notre vie habituelle. Je n’avais aucune idée qu’un autre réel cauchemar allait recommencer : le blocus de tout un pays et de ses 120 000 habitants avec la coupure d’électricité, mais aussi de gaz en hiver. Un blocus… qui coupe la route vitale de mon pays qui relie l’Artsakh à l’Arménie.
Quand mes parents parlaient de l’éventualité de la fermeture de la route par notre pays voisin, de cette route qui relie un pays où vivent des Arméniens d’Artsakh sur la terre de leurs ancêtres, je disais le contraire en m’appuyant sur le fait que nous vivons dans un monde civilisé, qu’il y a beaucoup d’institutions internationales et d’organismes qui défendent les droits de l’homme et lutte contre l’injustice.
Mais aujourd’hui… Nous sommes coupés du monde extérieur et ça fait déjà 77 jours. Depuis 77 jours nous sommes forcés de faire face à de nombreuses restrictions et problèmes liés à ce blocus. Et qui nous force à nous poser constamment cette question : Justice, où est-tu ?
Je suis attristée et déçue qu’au 21e siècle il y a encore des cas où le monde est si indifférent à la vie et aux droits fondamentaux des gens. La Cour internationale de la Haye a décidé le 22 février d’ouvrir immédiatement “la route de la vie” et d’assurer la libre circulation dans le corridor de Lachine mais l’Azerbaïdjan n’est pas pressé de mettre en œuvre cette décision et la route reste fermée à ce jour. J’appelle le monde entier à ne pas rester indifférent, à se mettre aux côtés de l’Artsakh, à condamner l’agression de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens de l’Artsakh et à forcer enfin l’Azerbaïdjan à se conformer à la décision de la Cour de la Haye et à ouvrir la voie.
Bonjour le monde!
Je m’appelle Alexey et je suis étudiant en troisième année de département de traduction et d’interprétation. J’habite à Stepanakert. Mon peuple et moi sommes sous blocus depuis plus de deux mois. Près de 120 000 personnes demeurent coupées du monde, les réserves de nourriture s’épuisent, le gaz est coupé assez fréquemment. Chaque jour, nous avons un accès limité à l’électricité, et quand je quitte la maison, je ne vois que de longues files d’attente, nous faisons face à une catastrophe humanitaire. Les étals des supermarchés de Stepanakert mais aussi des rayons entiers sont vides, c’est la pénurie de produits alimentaires. Pain, fruits, légumes frais et médicaments sont devenus des denrées rares. L’Azerbaïdjan a organisé tout ça pour nous faire peur et pour qu’on quitte l’Artsakh. On réalise que la guerre n’est pas terminée.
En raison des provocations délibérées continues de l’Azerbaïdjan, mes camarades étudiants et moi, avons fréquemment des crises de panique, de la dépression, de l’insomnie et un manque de concentration dans les activités quotidiennes. Il y a une injustice, il y a la violation de nos droits car je suis privé de la liberté de créer et de vivre dans mon pays d’origine.
Malgré le fait que nous ayons été témoins de trois grandes guerres et que nous sommes passé au travers de beaucoup de difficultés, nous sommes maintenant dans un blocus à long terme, mes projets et objectifs futurs sont liés à l’Arménie et à l’Artsakh, car il n’y a pas d’autre endroit où je pourrais me sentir plus heureux et plus calme que là où je suis né.
J’appelle la communauté internationale et tous les étudiants à s’unir pour soutenir l’Artsakh, à agir équitablement et à imposer des sanctions contre un pays qui nous a privés de nos droits fondamentaux.
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