Interview de Geneviève Wills, représentante du PAM en France et à Monaco

Alain Boinet. Dans le monde, 821 millions de personnes souffrent de la faim. Parmi elles, 87 millions parmi les plus vulnérables sont secourues par le PAM, principalement en zones de conflits. Dans ce contexte de Covid-19, avez-vous réussi à sécuriser vos stocks pour 3 mois et parvenez-vous aujourd’hui à secourir ces populations avec vos partenaires. En avez-vous les moyens financiers suite à l’appel d’Antonio Guterres pour réunir 2 milliards de dollars ?
Geneviève Wills. On estime à 135 millions le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde avant l’apparition de la COVID-19 (GRFC 2020). En raison de COVID-19, 130 millions de personnes supplémentaires risquent maintenant de souffrir d’insécurité alimentaire aiguë (estimation du PAM). Cela pourrait porter le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde à 265 millions d’ici la fin de l’année. Il s’agit de personnes vivant dans des pays à revenu faible ou moyen qui, selon l’analyse et le suivi du PAM, risquent d’être mises en danger en raison des restrictions liées à la COVID qui affectent leurs revenus.
Nous estimons que 30 millions de personnes pourraient mourir de faim pendant la pandémie COVID-19 si le PAM et nos partenaires ne peuvent pas mettre en place les programmes prévus ou notre capacité à atteindre les populations. Ce chiffre n’inclut pas l’augmentation de la famine due au COVID-19.
Le Directeur Exécutif du PAM s’est adressé au conseil de sécurité de l’ONU hier afin de tirer la sonnette d’alarme « Alors que nous sommes confrontés à une pandémie de COVID-19, nous sommes également au l’aube d’une pandémie de la faim. »
Une lettre d’appel a été adressée aux bailleurs par le Directeur Exécutif du PAM le 23 mars, demandant que 1,9 milliards de dollars soient mis à disposition d’urgence pour préparer et répondre à l’urgence mondiale de COVID-19. Cela ne représente pas des besoins de financement supplémentaires, mais bien trois mois de besoins pour l’achat et le positionnement. Depuis cet appel, 778 millions USD ont été confirmés (41 % du total).
Le PAM prépositionne des stocks alimentaires de trois mois dans les pays les plus fragiles ou à proximité de ceux-ci et veille à ce que des financements de trois mois soient disponibles pour les programmes de transfert d’espèces (cash transfer). Cela signifie que nous pouvons minimiser les perturbations, être flexibles et ajuster notre réponse en fonction des besoins et des circonstances. Dans certains endroits, le PAM distribue une aide de deux mois pour s’assurer que les bénéficiaires disposent de suffisamment de provisions pour les soutenir dans un avenir proche, et nous adaptons également nos méthodes de distribution pour nous assurer que nous contribuons à contenir la propagation de COVID-19.
Sur la question des 2 milliards de dollars du plan d’OCHA, 350 millions sont demandés par le PAM concernant les services communs, afin de soutenir l’ensemble des efforts de la communauté humanitaire. Si nous ne pouvons pas déployer de manière adéquate les services de soutien logistique essentiels, la réponse à la pandémie dans les milieux les plus fragiles du monde sera compromise.
Les services logistiques communs du PAM jouent un rôle essentiel car ils permettent aux travailleurs humanitaires et sanitaires en première ligne de la pandémie COVID-19 de rester sur le terrain et d’agir. Actuellement, le financement reçu sur les 350 millions de ce plan est de 85 millions (24%).
En début d’année, nous avons estimé que nous aurions besoin de 12 milliards de dollars US pour notre travail en 2020. Ce chiffre pourrait facilement augmenter en fonction de l’impact de la pandémie. Mais à mesure que l’impact de COVID-19 sur les économies devient plus clair, nous sommes de plus en plus préoccupés par le fait que nous pourrions manquer de 5 milliards de dollars US sur ce dont nous pensions avoir besoin en 2020, avant que la pandémie ne frappe.

La communauté humanitaire craint une rupture de la chaîne logistique face au Covid-19 d’ampleur mondiale. Où en êtes-vous de votre évaluation sur les conséquences des perturbations à l’acheminement de l’aide au niveau mondial ?
Les restrictions des mouvements mondiaux, le renforcement des contrôles aux frontières et la fermeture des transports commerciaux signifient que les itinéraires habituels des organisations humanitaires et sanitaires sont perturbés. Le PAM doit veiller à ce que son matériel et son personnel puissent atteindre rapidement les zones où ils sont le plus nécessaires. Grâce à son expertise éprouvée dans ce domaine, le PAM développe ses services logistiques communs pour les partenaires afin de soutenir la réponse humanitaire et sanitaire mondiale.
Sur la question de la chaine d’approvisionnement de la nourriture au niveau mondial, les perturbations sont jusqu’à présent minimes – l’approvisionnement alimentaire est adéquat et les marchés sont relativement stables. Les stocks mondiaux de céréales sont au niveau requis et les perspectives pour le blé et les autres grandes cultures de base pour 2020 sont positives. Mais nous pourrions bientôt assister à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire. Si les grands importateurs ou les gouvernements perdent confiance dans la fiabilité des flux de denrées alimentaires de base dans le monde, les achats de panique qui en résulteraient feraient monter les prix.
Nous constatons des défis en termes de logistique impliquant le mouvement des denrées alimentaires, mais ceux-ci ont jusqu’à présent été limités. En Afrique australe, par exemple, si de nombreux ports ont été fermés aux passagers, ils continuent de traiter les cargaisons assez efficacement, même si, dans de nombreux cas, le nombre de postes d’accostage utilisés a été réduit.
Nous pourrions bientôt assister à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire. Les blocages des voies de transport sont particulièrement gênants pour les chaînes d’approvisionnement en denrées alimentaires fraîches et peuvent entraîner une augmentation des pertes et des déchets alimentaires. Les restrictions de transport et les mesures de quarantaine sont susceptibles d’entraver l’accès des agriculteurs aux marchés. Nous devons donc continuer à œuvrer pour limiter les pertes après récoltes et le gaspillage alimentaire dans son ensemble, notamment dans les zones urbaines.
Les pénuries de main-d’œuvre pourraient perturber la production et la transformation des denrées alimentaires, notamment pour les cultures à forte intensité de main-d’œuvre, en particulier dans les pays vulnérables d’Afrique subsaharienne. Toutefois, on ne s’attend pas à une flambée des prix des principaux produits de base, mais il est plus probable que les produits de grande valeur, en particulier la viande et les denrées périssables, connaissent une hausse. Pour plus d’informations sur ce sujet, voir : WFP report on topic
Nous devons veiller à ce que cette crise sanitaire ne se transforme pas en crise alimentaire. Nous avons suffisamment de nourriture dans le monde pour nourrir tout le monde. Ce que nous voyons dans la région de la mer Noire où nous achetons du blé, c’est qu’il y a de la disponibilité. C’est la même chose en Asie où nous achetons de l’huile végétale et en Amérique du Nord où nous achetons des légumineuses. S’il est naturel que les gouvernements fassent passer leurs besoins en premier, le PAM exhorte les nations à garder les frontières ouvertes au commerce. Nous travaillons avec les gouvernements pour trouver le bon équilibre afin de maintenir les marchés d’exportation ouverts, ce qui nous permet d’acheter des denrées alimentaires pour nourrir les personnes les plus vulnérables.
Selon vous, quelles sont pour vous les zones les plus à risque dans le monde ?
Pour de nombreux pays pauvres, les conséquences économiques seront plus dévastatrices que la maladie elle-même. La situation évolue rapidement, et le PAM doit veiller à ce que sa réponse soit souple et adaptable aux nouvelles circonstances complexes. Le PAM analyse la propagation de COVID-19 en temps réel afin d’informer la réponse. La pandémie touche tous les pays – et les pays les plus vulnérables seront ceux dont l’économie, les services et les systèmes de santé sont fragiles. Ce sont également les pays où le PAM travaille. Le PAM a effectué une analyse qui tient compte d’une série de facteurs, notamment de notre propre capacité à réagir dans le pays, et de facteurs qui analysent le niveau de développement, la capacité des systèmes de santé nationaux et la dépendance à l’égard des importations de denrées alimentaires, pour n’en citer que quelques-uns. Selon cette analyse, le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont les plus prioritaires, suivis par l’Afrique de l’Est.
Les pays auxquels nous devons absolument accorder la priorité sont ceux qui présentent une grande vulnérabilité préexistante et des facteurs de fragilité économiques, sociopolitiques, sécuritaires et climatiques aggravés ; et parmi ceux-ci, il y a des pays qui dépendent des importations et dont les performances logistiques et les systèmes de chaîne d’approvisionnement sont faibles. En Afrique, il faut penser aux pays enclavés et dépendants des importations, comme le Malawi ou le Zimbabwe, ou aux pays où les conflits et le changement climatique ont déjà mis à rude épreuve la sécurité alimentaire, comme le Burkina Faso ou le Sud-Soudan. La plupart de ces pays – ceux qui sont déjà confrontés à de multiples crises et qui dépendent de l’aide internationale pour satisfaire leurs besoins essentiels minimums – sont également ceux qui sont couverts par le Plan global d’intervention humanitaire.
Le PAM prépare depuis quelques semaines un plan opérationnel avec des Hubs de ponts aériens. Ce plan est-il prêt et pouvez-vous nous en présenter les lignes principales ?
Le PAM est en train de mettre en place des hubs dans des endroits clés (Guangzhou, Liège et Dubaï) où le matériel est fabriqué – mais nous avons besoin de toute urgence des fonds nécessaires pour le faire. Jusqu’à présent, une demande de financement supplémentaire de 350 millions de dollars pour soutenir ce travail n’a reçu qu’un financement très limité (à peine 24 %). L’objectif est de mettre en place un système complet qui permette à l’ensemble de la communauté humanitaire nationale et internationale de répondre globalement à la pandémie COVID-19, en fournissant des capacités de transport aérien de passagers et de fret, ainsi que des infrastructures indispensables. Une réponse humanitaire ne peut fonctionner sans un soutien au personnel en termes de transport, de systèmes d’évacuation médicale et de centres de santé pour traiter les travailleurs humanitaires malades, en particulier dans les zones où les avions commerciaux ne volent pas et où les systèmes de santé s’effondrent en raison de l’impact de la pandémie.
Le PAM prévoit également d’exploiter un service de transport de passagers pour les travailleurs humanitaires et sanitaires depuis Genève et Rome vers des lieux critiques à travers l’Afrique.
Depuis la fin janvier, le PAM a envoyé du fret médical dans 86 pays pour soutenir les gouvernements et les partenaires de santé dans leur réponse à COVID-19. Ces cargaisons comprennent des équipements de protection individuelle (EPI) tels que des masques, des gants et des blouses, des respirateurs, des kits sanitaires d’urgence, des kits d’anesthésie, des brancards, des thermomètres, des sacs mortuaires et des fournitures pour la purification de l’eau, ainsi que du matériel logistique.
Le 14 avril, le PAM a commencé à expédier des cargaisons médicales – dont un million de masques – depuis sa plate-forme humanitaire récemment achevée à Addis-Abeba vers 52 pays d’Afrique – les “vols de solidarité”. Une équipe de 25 employés du PAM chargés de l’aviation et de la logistique est basée à l’aéroport international de Bole et gère l’opération, qui se déroule 24 heures sur 24, qui transporte le fret et les intervenants humanitaires à travers le continent. Ils gèrent l’espace d’entreposage pour le vrac sec, les cargaisons à température contrôlée et les cargaisons réfrigérées, ainsi que leur transport par voie aérienne.

Les ONG se posent cette question. Dans le contexte du Covid-19, le PAM semble ne pas vouloir passer comme d’habitude avec ses nombreux partenaires par le « cluster logistique » ou « Global Logistics Cluster » qui coordonne habituellement les demandes et les acteurs dans le cadre d’une priorisation. Les ONG constatent que tout semble centralisé au niveau du PAM. Les ONG craignent de ne plus pouvoir utiliser ces services alors qu’elles en ont le plus grand besoin sur le terrain des crises. Que pouvez-vous leur dire ?
Les services que le PAM a proposés et pour lesquels il collecte activement des fonds par l’intermédiaire du GHRP s’adressent à l’ensemble de la communauté humanitaire, tant aux ONG qu’aux agences des Nations unies. Le PAM utilise tous les atouts et l’expérience de la chaîne d’approvisionnement dont il dispose pour soutenir la communauté humanitaire, et cela inclut les mécanismes de coordination existants comme le Logistics Cluster dirigé par le PAM qui travaille activement à la collecte d’informations sur les besoins des partenaires en matière de chaîne d’approvisionnement pour la réponse et, à son tour, partage les informations disponibles pour soutenir les partenaires dans leur planification opérationnelle.
La réponse humanitaire à cette pandémie sera d’une ampleur jamais vue auparavant et nécessitera les efforts de toute la communauté humanitaire. Le PAM se tient prêt à fournir le soutien logistique nécessaire pour y parvenir.
Les partenariats existants avec le secteur public et privé seront mis à profit et utilisés pour compléter les capacités logistiques, les ressources, l’expertise et les services du PAM.
Les objectifs sont les suivants :
– Soutenir les partenaires de la santé et les efforts des pays pour renforcer les systèmes de santé nationaux et permettre l’accès au matériel médical essentiel, y compris les équipements, les installations de traitement et la formation.
– Veiller à ce que les personnes les plus éloignées, qui comptent sur le PAM et les partenaires humanitaires pour leur subsistance, puissent bénéficier d’une continuité de l’aide.
– Assurer le duty of care du personnel du PAM et de la communauté humanitaire au sens large.
A titre d’exemple, le France, partenaire de longue date du PAM, a récemment mis à disposition du fret à bord d’un de ses avions Air France à destination du Mali. L’avion a déchargé vendredi dernier à Bamako, des chambres d’isolation pour les patients atteints du COVID19. Ces kits sont destinés aux éventuelles évacuations sanitaires par UNHAS et son opérateur SAS. Nous tenons à remercier vivement le Centre de Crise et de Soutien et Air France pour leur appui. Nous devons mobiliser au maximum les moyens existants utilisés dans le civil pour la communauté humanitaire lorsqu’ils sont disponibles.
Comme indiqué dans le Plan global d’intervention humanitaire, un montant initial de 350 millions de dollars US est requis d’urgence pour développer rapidement les services communs fournis par le PAM pour les partenaires humanitaire et ainsi assurer un suivi en temps réel de la situation mondiale et de fournir les investissements essentiels nécessaires pour assurer la sécurité des opérations et des services dans le monde entier. Il s’agit d’un investissement initial qui pourra augmenter à la mesure de la réponse.
Au-delà des 87 millions de personnes les plus vulnérables, le Covid-19 va certainement augmenter le nombre des personnes à secourir. Pouvez-vous en évaluer le nombre et pensez-vous pouvoir disposer des ressources financières indispensables, des approvisionnements alimentaires, des matériels de santé ainsi que des autorisations d’acheminement et de distribution ?
Il est essentiel qu’en cette période de crise mondiale, le PAM maintienne ses programmes d’aide alimentaire qui offrent une bouée de sauvetage à près de 100 millions de personnes vulnérables dans le monde. La priorité absolue du PAM est de s’assurer qu’il dispose des ressources nécessaires pour répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des personnes qui dépendent de son aide. Nous sommes particulièrement préoccupés par les 30 millions de personnes qui vivent dans des pays fragiles, des personnes déjà confrontées à une faim extrême, à la violence et à la maladie. Elles sont très dépendantes de l’aide et mourraient probablement sans l’aide du PAM.
Les retombées socio-économiques de la pandémie seront bien plus dévastatrices que la maladie elle-même. Le PAM estime que rien qu’en Afrique de l’Est, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire devrait doubler au cours des trois prochains mois, passant de 20 millions à 34-43 millions de personnes. Les vies et les moyens de subsistance seront gravement menacés si des mesures rapides ne sont pas prises pour lutter contre la pandémie, les plus préoccupants étant ceux des populations d’Afrique et du Moyen-Orient.
Le PAM a adapté ses programmes pour limiter la propagation de COVID-19 et assurer la sécurité de ses bénéficiaires, de son personnel et de ses partenaires : C’est un domaine dans lequel le PAM a acquis une grande expérience lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-2016. La priorité numéro un du PAM est la santé et la sécurité de nos bénéficiaires, de nos partenaires et de notre personnel, et nous nous conformons aux recommandations des autorités sanitaires locales et de l’OMS. À titre préventif, le PAM a revu les distributions de nourriture afin de réduire les attroupements et de limiter le risque d’infection, en échelonnant la fréquentation, en réaménageant les aménagements pour permettre l’éloignement physique, en adaptant les cycles de distribution et en augmentant le nombre de sites de distribution et de magasins de détail. Des mesures d’atténuation ont été mises en place, notamment des dépistages sanitaires, des stations de lavage des mains et la sensibilisation des communautés sur les mesures de prévention. Le PAM cherche également à fournir d’autres moyens d’assistance alimentaire, tels que des colis alimentaires, des bons d’achat de produits ou des rations à emporter, pour compenser les interruptions des programmes de repas préparés (y compris l’alimentation scolaire).

Vous représentez le PAM à Paris. Quel est le rôle de votre bureau à Paris et comment travaillez-vous actuellement avec la France pour répondre à la crise ?
Le bureau de Paris est un bureau de liaison dont les missions sont diverses. Son travail consiste à faire le lien avec le gouvernement français et la société civile ainsi qu’à les informer des besoins du PAM et des activités sur le terrain. Le bureau se coordonne avec le siège situé à Rome, ainsi qu’avec d’autres bureaux à travers le monde. Nous assistons d’une part les bureaux de pays, les bureaux régionaux et les divisions du siège à mobiliser des fonds pour les opérations du PAM. D’autre part, notre équipe met en œuvre le plaidoyer et la communication pour l’ODD Faim Zéro et sur les opérations du PAM, fait le lien avec la presse francophone, les différents partenaires et les principaux responsables et décideurs français. Il assure aussi la visibilité de la France comme bailleur du PAM.
Alain Boinet : Souhaitez-vous ajouter quelque chose pour conclure?
Geneviève Wills : Il ne faut négliger de mentionner l’impact du COVID sur l’alimentation scolaire :
La crise COVID-19 a eu un impact énorme sur les écoliers, puisque près de 1,6 milliard d’enfants et de jeunes – soit 91 % des apprenants inscrits dans le monde – ont dû se tenir à l’écart des écoles et des universités en raison de la pandémie (UNESCO). Des fermetures nationales sont en vigueur dans quelque 192 pays, tandis que dans de nombreux autres, des fermetures localisées pourraient s’étendre à l’ensemble du pays, ce qui aurait d’énormes répercussions sur l’apprentissage des élèves et sur d’autres aspects essentiels de leur vie, tels que les repas scolaires.
Certains enfants pourraient ne jamais se remettre des fermetures d’écoles – les plus pauvres manqueront des années de scolarité, et certains pourraient ne jamais revenir – comme les filles et les enfants plus âgés. En raison de la pandémie, près de 370 millions d’écoliers ne bénéficient pas des repas scolaires dont ils dépendent. Une carte interactive du PAM montrant comment COVID-19 perturbe les repas scolaires des enfants fournit des mises à jour quotidiennes à l’écran sur les fermetures d’écoles et le nombre d’enfants qui ne reçoivent plus de repas scolaires de ce fait. Des fermetures d’écoles partielles ou à l’échelle du pays ont été signalées dans 52 pays où le PAM met en œuvre des programmes d’alimentation scolaire. Cela signifie que plus de 12 millions d’enfants ne reçoivent plus de repas scolaires du PAM. Le PAM travaille avec les gouvernements et ses partenaires pour s’assurer que les écoliers et leurs familles continuent de recevoir un soutien qui réponde à leurs besoins alimentaires et nutritionnels pendant la crise COVID-19.
Un partenariat entre l’UNICEF et le PAM sur la santé et la nutrition à l’école est en train d’être élargi en réponse à l’impact de COVID-19. Les agences travailleront ensemble pour mettre en œuvre des solutions alternatives afin de s’assurer que les enfants reçoivent les repas et les services dont ils dépendent pendant la fermeture des écoles. Les agences se préparent également à la réouverture des écoles afin que les enfants retournent à l’école et bénéficient d’un ensemble intégré de services de santé et de nutrition scolaires.
Dans les pays où les écoles sont fermées, le PAM évalue les solutions de rechange possibles. Il s’agit notamment de fournir des rations à emporter à la place des repas, de livrer de la nourriture à domicile et de fournir de l’argent ou des bons d’achat. Dans les pays où les écoles sont encore ouvertes, la priorité est de veiller à ce que les normes d’hygiène, de comportement et de sécurité alimentaire soient respectées et que des mesures de distanciation sociale soient prises pour atténuer le risque d’augmentation des infections. Le PAM travaille avec ses partenaires pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement. Conjointement avec la FAO et l’UNICEF, le PAM a élaboré des orientations pour les programmes gouvernementaux visant à atténuer les effets de la pandémie sur l’alimentation et la nutrition des écoliers.
Les programmes d’alimentation scolaire du PAM s’étendent sur 61 pays dans le monde et servent de filet de sécurité sociale essentiel pour les ménages pauvres et vulnérables. Certains programmes fournissent des repas complets, tandis que d’autres distribuent des collations enrichies. Dans les pays où le niveau de pauvreté est élevé, le PAM propose des rations à emporter qui ont des avantages nutritionnels avérés pour les jeunes frères et sœurs.
Pour en savoir plus:
- Le dernier rapport sur les crises alimentaires
- Déclaration du Directeur exécutif du PAM au Conseil de Sécurité des Nations Unies
Geneviève Wills
2 réflexions au sujet de « Le Programme Alimentaire Mondial à l’épreuve du Covid-19 »
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