Avec M. Ban Ki moon, 8ème Secrétaire général des Nations-Unies.

Le 6 juin 1944, à l’aube, les forces alliées débarquaient sur les plages de Normandie pour nous libérer de l’occupation et de l’un des deux totalitarismes qui ont dévasté le monde au XX siècle.
La bataille de Normandie a couté la vie à 250.000 soldats alliés et autant aux troupes allemandes. Les destructions de villes et villages et les pertes en vies civiles ont été particulièrement élevées et douloureuses.
Les 6, 7 et 8 juin, a lieu à Caen, le « Forum Mondial Normandie pour la Paix » (cliquez-ici pour voir le programme), au moment où l’on commémore le 74ème anniversaire du débarquement de Normandie, en présence de nombreuses ministres, personnalités, experts, universitaires, journalistes, associations.
Caen a été détruit à 75 % en juin et juillet 1944 où 2000 habitants ont été tués sous les bombardements. Si vous le pouvez, surtout allez visiter le Mémorial de Caen, un musée remarquable.
Sauver des vies, la raison d’être de l’humanitaire.
La guerre, hier comme aujourd’hui, est l’une des causes de l’action humanitaire avec les catastrophes naturelles. On pourrait même dire que l’une est intrinsèquement liée à l’autre. L’humanitaire a prolongé la logique d’Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge, qui voulait que les soldats blessés soient soignés sur les champs de bataille, pour l’étendre à toutes les populations civiles victimes de guerre. Ceci est tout à l’honneur de la Croix Rouge, des humanitaires et du Droit International Humanitaire (DIH).
Il est aussi toujours utile de se poser des questions de conscience. Entre 1939 et 1945, fallait-il résister les armes à la main ou s’engager avec la Croix Rouge ? Je me suis personnellement posé cette question en Afghanistan, dans les années quatre-vingt, et au Rwanda lors du génocide !
Et puis, malgré ses bonnes intentions, le pacifisme d’avant-guerre n’a-t’-il pas contribué à affaiblir nos capacités de résistance, au moins morales, et contribué, à sa manière, à la défaite et à ses conséquences ?
Et dans un monde aujourd’hui plus fragmenté, imprévisible et dangereux, ne convient-il pas de reconsidérer la maxime antique « si vis pacem, para bellum », « si tu veux la paix, prépare la guerre », comme une sorte d’assurance vie pour la liberté, l’indépendance et paradoxalement la sécurité en décourageant préventivement la guerre !
Rappelons-nous la théorie de la guerre juste développée par l’Eglise elle-même et dont Saint Thomas d’Aquin distinguait trois justifications : que la cause soit juste, qu’elle soit conduite par la puissance publique, qu’elle fasse triompher le bien commun.
Ce qui conduit à distinguer le Jus ad Bellum comme cause, le jus in Bello ou comportement des belligérants et, enfin, le jus post Bellum ou la recherche d’une paix équitable. Cela n’est pas sans rapport avec la notion de devoir d’ingérence qui a évolué vers le devoir d’assistance, véritable fondement de l’action humanitaire.
Mais, si la défense requiert des ressources qui vont en augmentant partout dans le monde, il est primordial que l’aide humanitaire, l’aide au développement et les Objectifs du Développement Durable (2015-2030) soient des priorités absolues pour les peuples et les Etats. Car la pauvreté liée à une démographie en pleine expansion, le dérèglement climatique et les multiples pressions sur les ressources naturelles, constituent un défi sans précédent dans l’histoire pour la sécurité humaine. Les progrès considérables réalisés grâce aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 2000-2015) démontrent qu’il est possible d’y répondre.
Afghanistan, Sahel, RDC, Rohingyas,…autant de défis humanitaires
Ces réflexions seront au cœur du « Forum Mondial Normandie pour la Paix » où l’on évoquera notamment les conflits en cours en Afghanistan, au Sahel, en RDC et les exactions dont sont victimes les Rohingyas au Myanmar.
La guerre des moudjahidin afghans était juste face à l’invasion soviétique, mais pourquoi cette guerre dure t’-elle encore 28 ans plus tard ? On ne naît pas terroriste, alors que se passe-t’-il au Sahel où les groupes armés, djihadistes ou non, se renforcent et renouvellent leurs effectifs malgré les pertes sévères subies ?
Ce Forum sera l’occasion d’y réfléchir et de débattre notamment avec M.Ban Ki-moon, 8ème Secrétaire général des Nations-Unies, des origines des conflits de demain et des facteurs de déstabilisation. Nous vous en rendrons compte ici prochainement.
En effet, ce site Défis Humanitaires a pour raison d’être de promouvoir l’humanitaire, d’identifier de grands défis qui risquent de provoquer des tensions dangereuses, si ce n’est des conflits, et d’en comprendre la logique géopolitique pour chercher à les prévenir.
Comment mieux répondre aux conséquences humanitaires des crises en comprenant mieux les causes ? Comment faire pour désamorcer les conflits, avant qu’ils ne se développent ou, à l’inverse, pour aider à en sortir ? Tels sont les enjeux pour Défis Humanitaires tant il peut y avoir diverses façons de contribuer à sauver des vies.
Alain Boinet.