Notre réunion avec le Président de la République

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Texte présentant la question humanitaire au Président de la République.

Réunion à l’Elysée avec le Président de la République sur le climat et le développement et l’humanitaire. Mardi 5 septembre 2017.

En présence de Mr Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, de Mr Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire et de Mme Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Avec la participation de 6 représentants des ONG humanitaire et de développement membres de Coordination Sud dont son président, Philippe Jahshan,  et 6 autres représentants des ONG environnement membre du RAC. Liste des participants sous ce texte.

Monsieur le Président de la République, 

L’aide humanitaire c’est d’abord sauver des vies dans les guerres et les catastrophes puis accompagner les populations vers la sortie de crise, la reconstruction, la relance du développement.

L’ONU a organisé en mai 2016 le 1er Sommet Humanitaire Mondial (SHM) pour trouver des solutions au constat dressé par Antonio Guterres en 2014 : « La communauté internationale ne dispose pas des capacités et ressources pour toutes les victimes des pays en conflit ». Ainsi, il y avait 65,6 millions de réfugiés et déplacés dans le monde en 2016 contre 37,5 il y a 11 ans et 160 millions d’êtres humains ont eu besoin d’aide humanitaire à travers le monde.

Car nous sommes confrontés à d’immenses défis humanitaires qui vont aller en s’amplifiant du fait de la démographie, de l’augmentation des catastrophes, de tensions identitaires multiples. Entre 2015 et 2050, pour n’évoquer que la démographie, la RCA va passer de 5,6 millions d’h à 14, le Mali de 16,7 à 44, la Syrie de 17 à 31 et l’Irak de 37 à 77 millions d’h ! En Afrique, la population va doubler pour avoisiner les 2,5 milliards d’h !

Si la France a une présence forte sur la scène politique, diplomatique, militaire internationale face aux crises, selon le CAD de l’OCDE, elle n’a consacré en 2015 que moins de 1% de son APD à son aide humanitaire contre 10% en moyenne  pour les autres pays. Il y a là un  décrochage par rapport à des pays comme la Grande Bretagne et l’Allemagne et cela soulève un problème de crédibilité politique. D’ailleurs, le CICR et ECHO pour la Commission Européenne nous incitent à faire mieux !

Monsieur le Président, vous disposez d’un outil adapté et efficace, le Centre de Crise et de Soutien du Quai d’Orsay. En 2015, son budget a été de 14,5 ME dont 8,6 ME en partenariat avec les ONG. Pourriez-vous décider de placer la France au niveau des pays de l’OCDE en  consacrant à l’avenir 10% de son APD à l’aide humanitaire ?

Les 10 premières ONG humanitaires françaises représentent 30.000 personnes engagées quotidiennement dans plus de 40 pays pour un budget de 1.1 milliards d’euros. Elles disposent d’un réel potentiel pour faire plus et mieux. Dans votre discours aux Ambassadeurs, vous avez appelé de vos vœux un changement de méthode pour être plus réactif et proche des populations. Nous sommes pleinement en accord avec vous et nous appelons de nos vœux ce changement de méthode et de moyens.

En sortie de crise, l’expérience prouve que pour être présent et efficace dans la reconstruction, puis dans la reprise du développement, une présence forte dans l’urgence est essentielle car, en plus des secours, elle apporte une connaissance des acteurs et des besoins, une légitimité et une confiance. Il faut donc équilibrer et coordonner les capacités humanitaires et celles du développement. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Mais, l’engagement de la France à Mossoul en Irak illustre bien un nouvel engagement humanitaire significatif qui facilitera la reconstruction et la stabilité.

Un mot sur le Droit International Humanitaire (DIH) qui est actuellement menacé chaque jour au Yémen, en Syrie, en RCA ou au Myanmar. Nous partageons  vos positions et celle de Jean-Yves Le Drian sur la priorité de l’accès humanitaire aux populations en danger. Dans cette perspective, la France ne pourrait-elle pas prendre l’initiative d’un Groupe DIH pour suivre les crises  et violations du DIH et agir en conséquence en entraînant d’autres pays.

Monsieur le Président, vous aurez prochainement une belle occasion de changer enfin de politique humanitaire. A la fin mars 2018 se tiendra à Paris la 4ème Conférence Nationale Humanitaire, organisée par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères en lien avec les ONG humanitaires. Elle sera l’occasion de présenter la nouvelle Stratégie Humanitaire de la République Française.

Ce pourrait être le moment choisi pour affecter à partir de 2018 et progressivement sur la durée du quinquennat, 12%  de l’Aide Publique au Développement aux ONG pour leur mise en œuvre dans l’humanitaire, la reconstruction et le développement. Votre présence avec le ministre de l’Europe et des affaires étrangères lors de cette Conférence Nationale Humanitaire symboliserait bien une nouvelle ambition politique pour l’action humanitaire de la France.

Et les français le comprennent. Malgré leurs inquiétudes légitimes pour l’avenir, un sondage réalisé en 2016 indique que 77% de nos concitoyens pensent que ce qui se passe dans les pays en crise et en développement peut avoir un impact sur leur vie en France et 70% sont  favorable à l’aide de la France.

Monsieur le Président, vous avez récemment plaidé avec force et conviction pour un retour du courage et de la volonté politique. Vous avez là la possibilité de l’exercer pour l’action humanitaire. Nous comptons sur vous.

Liste des participants :

Pour Coordination Sud, son président, Philippe Jahshan, Claire Fehrenbach, Oxfam France, Aurélie Gal Régniez, Equilibre et population, Friederike Roder, One, Carole Coupez, Solidarité Laïque et Alain Boinet, Coordination  Humanitaire et Développement et Solidarités International.

Pour le RAC (Réseau Action Climat France), Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, Florent Compain, président des Amis de la Terre, Pascal Canfin, directeur du WWF, Jean François Julliard, directeur de Greenpeace France, Marc Jedliczka, vice-président du CLER-réseau pour la transition énergétique et Audrey Pulvar, Fondation Nicolas Hulot.

>Lire le communiqué de presse de Coordination Sud sur la rencontre avec le Président de la République.

 

Une réflexion au sujet de « Notre réunion avec le Président de la République »

  1. Après la lecture de cet article, je trouve une réponse à la question posée au Parrain de la 35ème promotion des étudiants de l’institut Bioforce. « Que faites vous là, dans un pays de risque et d’insécurité? » L’humanitaire apparaît ainsi, comme un régulateur indispensable des problèmes de la société humaine. Il est normal de secourir les autres et d’anticiper sur les problèmes avenir. Il faut essayer de créer l’équilibre et être juste envers autrui. Mettre sa vie en danger pour sauver plus de monde semble être idiot, mais peut être juste et logique. Il est important pour le militaire (Soldats et milices) de protéger, faciliter et respect l’espace humanitaire.