L’aide humanitaire européenne en danger

Danger pour le budget humanitaire de la Commission européenne : le Parlement européen se mobilise avec les organisations humanitaires.

« Saisis par de nombreuses organisations humanitaires sur les retards de paiement de la Commission européenne, Alain Lamassoure, Président de la commission des Budgets du Parlement européen, a organisé le jeudi 4 mars une audition publique avec les Commissaires européens Lewandowski, en charge du budget, et Georgieva, en charge de l’aide humanitaire » (Lire le communiqué de presse de Alain Lamassoure).

En effet, du fait des difficultés budgétaires de la Commission européenne, il manque en ce début d’année 400 millions d’euros à la DG ECHO pour mettre en œuvre un budget opérationnel de 758 millions qui a pourtant été voté et qui ne représente que 0,56% du budget total de l’Union européenne.

Malgré les  réels efforts de la DG ECHO, en charge de l’aide humanitaire de la Commission européenne, cette situation inédite ne manquera pas d’entrainer des conséquences concrètes pour les programmes de secours humanitaires mis en œuvre par 190 partenaires d’ECHO (ONG, mouvement Croix Rouge, Agences des Nations-Unies).

C’est pourquoi 19 ONG humanitaires ont écrits une lettre à Alain Lamassoure (Lire la lettre) pour lui demander, comme elles l’avaient déjà fait auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, Laurent Fabius, que le budget humanitaire européen soit sanctuarisé et qu’il soit bien mis en œuvre en totalité cette année pour répondre à l’urgence des secours, que l’on pense à la Syrie, la Centrafrique, le Soudan du Sud tout comme les crises oubliées.

De plus, il est essentiel que les mesures préventives fortes soient prises dès maintenant pour éviter que cette situation ne se renouvelle l’année prochaine.

Enfin, il est essentiel que l’ensemble des ONG partenaires d’ECHO se mobilisent, ainsi que les coordinations d’ONG. Nous sommes dans un contexte de transition, avec les prochaines élections au Parlement européen et une nouvelle Commission européenne d’ici la fin de l’année,  qui fragilise le fonctionnement des institutions européennes. C’est pourquoi l’implication de la France comme Etat-membre avec d’autres pays est décisive pour sanctuariser l’aide humanitaire européenne qui relève de l’urgence dans 80 pays pour 150 millions de personnes en danger. 

>Lire le Communiqué de presse d’Alain Lamassoure
>Lire la lettre des 19 ONG à Alain Lamassoure
>Visionner l’audition sur le site du Parlement européen

Une réflexion au sujet de « L’aide humanitaire européenne en danger »

  1. commentaire relatif a votre interview sur RfI a propos de la crise en RCA et de l’importance de ne pas melanger les genres. Pour avoir enormement travailler sur ces questions la pendant de nombreuses annees en Afghanistan et ailleurs il me semble que s’opposer a ce que les militaires puissent eux aussi fournir une aide humanitaire me parait une mauvaise approche. Les militaires ont de tout temps assister des populations civiles lors de conflits armes. Si l’on peut s’interroger sur la neutralite d’une telle aide, on ne peut decemment nier le fait que parfois les forces armees sont les seules a pouvoir intervenir et qu’ainsi leur refuser la possibilite d’aider c’est refuser un droit a l’assistance aux personnes en danger. Il existe comme vous le savez des regles de bases telles que la regle du dernier recours, etc. il y a toute une litterature la dessus. De mon point de vue les humanitaires gagneraient en ecoute, credibilite et en fin de compte efficacite en se concentrant sur la mise en oeuvre de mechanismes de communication et sur l’operationalisation des regles de coordination entre acteurs civils et militaires dans le cadre de crise complexe afin de: 1. eviter que les militaires n’interviennent dans le secteur de l’aide quand les acteurs humanitaires peuvent le faire (aussi et surtout une question de protection pour les populations civiles prises au piege); 2. eviter de nier un droit a l’assistance en cas de situation d’urgence tout comme du devoir de porter secours aux personnes en danger qui s’appliquent aussi aux soldats; 3. s’assurer que lorsque les militaires interviennent ce soit en dernier recours et apres qu’une telle intervention ait ete approuvee par les representants legitimes de la communaute humanitaires (HCT / HC / etc.); 4. que lorsque les militaires interviennent ils soient clairement identifiables; 5. que l’on se soit assurer avant qu’il n’y aura pas de represaille contre les populations assistees (plutot difficile a tenir comme objectif); etc. Je ne partage pas votre avis sur la question de la perception par les populations civiles. il est faux de dire qu’elles ne font pas la difference. Elles l’a font, croyez moi! Il y a eu des etudes assez edifiantes a ce sujet dans un environement qui plus est plus que chaotique que vous connaissez fort bien d’ailleurs, l’Afghanistan. J’ai moi meme supervise l’une des ces etudes lorsque j’etais le directeur d’ACBAR que vous connaissez aussi (a ce propos on s’est deja rencontre en 2001 dans votre bureau… ca fait un baille! Masoud etait encore en vie et de passage a Paris c’etait en Avril je crois). Bref! sur ces questions de coordination ou de cohabitation civilo-militaire il me semble que les humanitaires d’une maniere generale ont la mauvaise approche avec les militaires ce qui desert completement leur cause. j’ai repete cette erreur moi-meme pendant des annees jusqu’a ce que je realise comment m’y prendre et surtout l’importance aussi de ne pas presenter l’aide comme la chasse gardee des humanitaires et de savoir admettre que parfois d’autres peuvent intervenir et parfois meme faire meme mieux. j’ai vu de mes yeux des militaires faire un bien meilleur travail parfois que les humanitaires eux-meme qui parfois commettent des bourdes assez enormes! Et je suis sur que vous me rejoindrez sur ce point. Bon j’arrete la! Vous remerciant pour votre blog que je trouve par ailleurs fort interessant et informatif et aussi merci de vous engager sur la sanctuarisation de l’aide humanitaire europeenne. Il me semble que c’est une veritable bonne bataille a mener. Respectueusement Laurent Saillard