Agir ensemble pour l’humanitaire.

Voilà la 70ème édition de « Défis Humanitaires » dont l’objectif est de promouvoir l’humanitaire, d’établir les liens de cause à effet entre géopolitique et crise humanitaire et d’alerter et de mobiliser face aux grands défis qui nous menacent.

Dans le dernier éditorial (DH 69 octobre 2022), face au scepticisme affiché par certains journalistes et politiques, j’écrivais qu’il fallait prendre au sérieux sans y céder les menaces de Vladimir Poutine d’employer des armes de destruction massive plutôt que de perdre la guerre. Depuis, cette guerre de haute intensité circonscrite à l’Ukraine, s’est mondialisée en un conflit sur les valeurs et le modèle politique lancé par la Russie, avec le soutien de la Chine et d’autres pays, contre le modèle occidental.

En attendant, sur le terrain, cette guerre s’intensifie avec la destruction des infrastructures de chauffage, des stations de distribution d’eau et le conflit évolue vers une « guerre hybride » où tous les moyens sont employés comme arme : sabotage (gazoduc, câbles sous-marin et terrestre), énergie, investissements, information, flux migratoires et demain, peut-être, internet !

Faut-il considérer que cette guerre est devenue mondiale et, plus encore, qu’elle devient une guerre de civilisation pour reprendre le titre de l’ouvrage de Samuel Huntington. En tout cas, le monde se fragmente et devient plus incertain et plus dangereux. Cela peut nous faire craindre des conséquences néfastes sur les grands agendas internationaux, notamment la lutte contre le dérèglement climatique, les Objectifs de Développement durables 2030 et, par extension, de nouveaux conflits.

Pour dramatique que soit la guerre en Ukraine avec ses millions de déplacés et réfugiés et ses innombrables effets collatéraux qui vont aussi nous affecter directement (alimentation, inflation, énergie, risque de récession), dans ce numéro 70 de « Défis Humanitaires » nous sommes toujours attentifs et mobilisés sur les autres urgences, pour vous présenter des analyses utiles aux humanitaires et à leurs partenaires, institutions, parlementaires, journalistes, universitaires, étudiants, think tank, acteurs de l’eau et du climat, décideurs politiques.

 

@SOLIDARITES INTERNATIONAL 2021

Pour vous informer au mieux.

Dans cette édition, le reportage « Burkina Faso : l’humanitaire dans une spirale dangereuse »,de Pierre Brunet, humanitaire et écrivain, nous alerte sur l’augmentation délirante du nombre de personnes déplacées par les combats qui a augmenté de 7000% depuis août 2018. Aujourd’hui, sur 20 millions d’habitants, 10% sont déplacés par ce conflit qui ne cesse de s’étendre et de s’approfondir au risque du chaos ! Et pourtant, les humanitaires doivent relever les défis de l’accès des secours aux populations en danger.

De même, le dernier rapport de l’ALNAP (350 pages) sur l’état du système humanitaire mondial pour la période 2018 – 2021 est présenté par Eva Miccolis de manière synthétique en 11 pages avec des graphiques ! Le constat est simple, durant ces 4 années, nous avons assisté à une augmentation du nombre de conflits, à leur intensification et fréquence. Ainsi, le nombre de déplacés à doublé en 10 ans et l’insécurité alimentaire a augmenté de 33% ces 5 dernières années. Quelles leçons pouvons-nous en tirer.

Antoine Vaccaro, président de Force For Good, nous alerte sur la générosité en temps de crise tant l’aide humanitaire nécessite aussi des ressources financières. Cette période de fin d’année, en France et dans d’autres pays, est traditionnellement celle durant laquelle 60% des dons aux organisation caritatives sont réalisées. Mais, de récentes études nous alarment tant sur la baisse du nombre de nouveaux donateurs que par la baisse de la moyenne des dons des plus grands donateurs. Alors, que faire pour mobiliser la générosité au service de l’intérêt général à un moment où les besoins augmentent tant dans les situations de crise dans le monde qu’en France. Antoine Vaccaro nous rappelle les réponses clefs à promouvoir face à ces défis.

Je vous lance un APPEL.

Comme vous le voyez, « Défis Humanitaires » est fidèle à sa mission d’information, d’analyse et de propositions pour une aide humanitaire engagée, pertinente, plus efficace et sachant s’adapter à chaque contexte et à respecter les sociétés, les cultures, les personnes, les pays où elle porte secours et assistance.

Dans ce contexte, je ressens bien que nos lectrices et lecteurs attendent plus de nous. Mais, honnêtement, c’est là que nous atteignons nos limites actuelles qui sont celles d’un budget très restreint et du bénévolat intégral.

C’est pourquoi je vous lance aujourd’hui un appel à soutenir concrètement Défis Humanitaires. Mais, pour faire quoi me direz-vous ? Concrètement, si les moyens nous le permettent, nous avons le projet d’adopter une nouvelle maquette de type presse avec un plus grand nombre de textes et de photos d’agence. Dans cette voie, nous souhaitons aussi réaliser régulièrement des reportages humanitaires sur le terrain des crises. Nous avons aussi le projet ambitieux de publier la 2ème édition de l’Etude sur les ONG humanitaires à l’international, pour la période 2006-2021, avec les chiffres de référence sur cette période de 15 ans ainsi qu’une présentation des grandes questions qui se posent à l’humanitaire aujourd’hui.

Dans cette perspective très motivante de développement de « Défis Humanitaires », des personnalités ont récemment constituées un Comité d’Experts (lien vers la liste) pluri disciplinaire qui réunis des spécialistes venant de l’humanitaire, de la philanthropie, des fondations, du partenariat, de la communication et de l’édition, des relations internationales et de la géopolitique. Leur engagement envoie un message positif fort de soutien et de participation à ce projet que nous vous invitons à rejoindre en le soutenant concrètement dès maintenant.

Je vous invite à y participer personnellement dès aujourd’hui :

– En faisant un don à Défis Humanitaires via HelloAsso.

– En diffusant cette édition et ses articles auprès de vos amis et collègues.

– En nous adressant (defishumanitaires.com) vos remarques et propositions, des témoignages vécus de votre action humanitaire de terrain et en nous disant ce que vous pensez de Défis Humanitaires.

Depuis maintenant près de 5 ans, avec cette 70ème édition, Défis Humanitaires vous est proposé chaque mois gratuitement et en toute indépendance éditoriale. Aujourd’hui, je fais appel à votre soutien afin de poursuivre et de pouvoir développer une publication qui est lue avec intérêt dans de nombreux pays, de l’Afrique sub-saharienne aux Etats-Unis, des pays d’Europe, en France et jusqu’au Moyen-Orient. Je vous remercie chaleureusement de participer à ce projet humanitaire d’un nouveau type, innovant, et qui se veut avant tout utile aux acteurs humanitaires et à leurs partenaires pour sauver des vies avec les populations en danger.

Alain Boinet.

Président de Défis Humanitaires.

Avec vous, Défis Humanitaires fête sa 60ème édition

Camp de réfugiés maliens à M’Berra en Mauritanie

Chère lectrice, cher lecteur,

D’abord et surtout, où que vous soyez, je vous présente mes vœux les meilleurs pour vous et votre famille, pour tous vos projets. Avec une pensée fraternelle pour les acteurs humanitaires qui viennent au secours des personnes en danger et les accompagnent dans l’urgence puis ensuite à retrouver autonomie et développement.

Nous fêtons aujourd’hui ensemble la 60ème édition de Défis Humanitaires depuis 2018, il y a maintenant 4 ans. Alors, en ce début d’année propice à un bilan, avons-nous été fidèles à notre projet et à notre mission, avons-nous progressé ? A l’origine, vous vous souvenez, nous nous sommes fixés trois objectifs principaux : promouvoir l’humanitaire, comprendre les liens entre humanitaire et géopolitique, enfin évaluer les grands défis et les menaces que nous devons relever.

Quel est le bilan ?

Promouvoir et penser l’humanitaire.

Notre constat établissait alors que si l’humanitaire bénéficiait d’une réelle popularité dans les situations de conflit, de catastrophe et d’épidémie, il existait aussi une grande méconnaissance de ses capacités et caractéristiques chez la plupart des décideurs, journalistes, parlementaires et universitaires.

L’humanitaire est un peu mieux connu, entre autre grâce à des rapports annuels comme le Global Humanitaire Assistance Report (GHAR), le Rapport des besoins humanitaires de l’ONU (OCHA), la dernière Conférence Nationale Humanitaire (CNH) en France en décembre 2020 et, prochainement, le Forum Humanitaire Européen à Bruxelles. Le secteur est également connu grâce au travail de centres d’analyse et de recherche, de revues et des acteurs humanitaires eux-mêmes qui contribuent à faire connaître l’humanitaire. Défis Humanitaires y a contribué avec ses 60 éditions et la publication de son Etude sur les ONG humanitaires en France. Cependant, l’observation fait apparaître, parmi d’autres, 3 faiblesses du secteur.

D’une part, l’humanitaire ne parvient pas à secourir toutes les populations en danger pourtant bien identifiées. Ensuite, si l’humanitaire connait une progression considérable dans ses capacités d’évaluation, d’action ciblée et de financement, il s’enferme trop dans sa technicité, dans un élargissement qui peut diluer l’essentiel, dans sa dépendance aux idéologies à la mode, au risque de s’éloigner de son cœur d’action qui réside dans l’accès aux populations en danger.

De plus, l’humanitaire vit trop tourné sur lui-même avec une vision simplificatrice du monde. Le risque, c’est de faire des « bénéficiaires », des « victimes » des clients indifférenciés de l’aide comme d’autres, mieux lotis, le sont d’une société de consommation anonyme et lucrative.

Depuis des années, nous parlons beaucoup de localisation de l’aide, réalité en devenir qui n’a pas encore vraiment trouvé sa solution et son efficacité. Mais, concernant cette localisation dans sa dimension identitaire multiple, ne devrions-nous pas commencer par résoudre le débat simpliste qui tourne en rond entre universalisme et particularisme. Oui, nous sommes bien une seule et même humanité qui nous fait une obligation de solidarité à chaque fois qu’une partie, même petite, de cette humanité est en danger. Et, simultanément, ne devons-nous pas reconnaître la réalité d’une grande diversité de peuples, langues, cultures, religions, modes de vie, croyances, ethnies et nations ? Respecter la dignité des êtres humains, celle des plus vulnérables en particulier, suppose de reconnaître et de respecter leur identité propre comme constitutive de l’humanité. Ce double réalisme pourrait aussi contribuer à construire la localisation de la solidarité dans sa complémentarité entre les divers acteurs humanitaires.

Penser le lien entre humanitaire et géopolitique.

Au fond, toute crise, tout conflit, toute guerre est par nature politique et ses chocs entrainent des destructions et des déplacements forcés de population qui nécessitent une réponse humanitaire. Si l’humanitaire doit appliquer ses principes de neutralité politique, d’impartialité des secours et d’indépendance des organisations pour accéder aux populations en danger, la compréhension géopolitique des crises, des peuples et des nations est une condition pour que l’aide gagne en efficacité sans pour autant la politiser.

En 2021, je me suis rendu en Arménie et en Artsakh, cette enclave peuplée d’Arméniens en territoire Azéri. Je suis aussi allé en Syrie du nord-est auto administré par une coalition kurde-arable et chrétienne coincé entre la Turquie et le Gouvernement de Damas. Le constat est simple, dans les conflits, les plus menacés sont souvent les minorités, les plus vulnérables. Mon propos ici est de dire que si le principe d’impartialité humanitaire doit s’appliquer, il doit aussi évaluer où se trouvent les plus grands dangers pour les personnes des communautés majoritaires comme des populations minoritaires, avec une attention particulière pour ces minorités qui sont les plus fragiles. Pensons au Yézidis comme au Ouïghours !

Alors que nous publions cette 60ème édition de Défis Humanitaires, il me semble que nous avons bien traité cette problématique humanitaire-géopolitique, particulièrement au Moyen-Orient, au Sahel ou en Afghanistan. Nos limites, dans ce domaine comme dans les autres, sont plutôt celles de nos moyens sur lesquels je reviendrai à la fin de cette lettre.

Evaluer et documenter les grands défis et menaces.

Si nous avons bien couvert celui de l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, besoin vital qui ne cesse de s’affirmer comme une priorité mondiale grandissante, dans une moindre mesure nous avons abordé la problématique de la sécurité alimentaire ainsi que de l’innovation. En revanche, nous n’avons pas assez abordé le changement climatique, ses conséquences dans la vie des populations et les mesures d’adaptation à prendre pour leur protection. De même, bien que revenant régulièrement sur la grande question de la démographie et de ses multiples conséquences, les études à ce sujet n’ont pas été à la dimension de l’enjeu, en particulier en Afrique.

Des résultats chiffrés positifs.

Défis Humanitaires a donc publié 60 éditions depuis 4 ans, ce qui représente 220 articles et interviews que vous pouvez retrouver dans nos archives qui constituent ainsi une base de données toujours consultable. Articles et interviews réalisés bénévolement par une centaine d’auteurs que nous souhaitons ici remercier chaleureusement pour leur contribution de qualité.

Durant cette période, entre 2018 et 2021, le nombre de lectrices et lecteurs a quadruplé et le nombre de vues a triplé. En 2021, les articles et interviews les plus lus ont été ceux consacrés au triple nexus, à l’aide humanitaire mondiale, au Mali et au Sahel, à la philanthropie, à la réflexion sur la nature même de l’humanitaire, sur l’aide humanitaire de la Commission Européenne avec ECHO, enfin sur la crise en Afghanistan.

Tout ce travail a été réalisé depuis 4 ans bénévolement. La croissance forte du nombre de lecteurs traduit bien une attente, si ce n’est une demande, et cela nous encourage et nous stimule pour faire mieux encore. Mais nos capacités ont atteint leurs limites actuelles qu’il nous faut dépasser en 2022. Nous avons besoin de vous pour y parvenir.

Défis Humanitaires en 2022.  

Je vous remercie de soutenir Défis Humanitaires. Alain Boinet, président.

Cette année, nous publierons une édition chaque mois en cherchant à actualiser les sujets que vous consultez le plus. Mais également des reportages et des témoignages venant du terrain, un retour sur les grandes crises humanitaires passées, avec le recul du temps. Nous souhaitons également publier la seconde édition de notre « Etude sur les ONG humanitaires entre 2006 et 2020 ». Celle-ci représente un très important travail de collecte, de mise en forme et d’analyse utile à tout l’écosystème humanitaire, tant pour mesurer le développement du secteur et ses caractéristiques que d’établir un état des lieux sur la sécurité des humanitaires, l’évolution du secteur, les loi antiterroristes et l’exemption humanitaire et enfin, l’état des financements.

Pour mener à bien ces projets, Défis Humanitaires, site humanitaire gratuit, a besoin de tout votre soutien (faire un don). Dans ce but, j’ai récemment lancé une campagne de financement participatif avec l’objectif de réunir 10.000 euros. Début janvier, nous avons déjà réuni un tiers de cette somme.  Vous pouvez m’aider en devenant vous-même acteur du projet de Défis Humanitaires en faisant un don (*). Quel qu’en soit le montant, votre don (faire un don) est le bienvenu et participera concrètement à une mission humanitaire utile à tous.

Je vous remercie personnellement pour votre générosité et vous souhaite une bonne lecture de cette 60ème édition. Merci.

Alain Boinet.

Président de Défis Humanitaires.

info@defishumanitaires.com

 

APPEL Nous avons besoin de vous pour publier chaque mois « Défis Humanitaires ». Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur le site HelloAsso sachant que nous ne bénéficions pas de la déduction fiscale. Un grand merci pour votre soutien généreux.

(*) Nous ne bénéficions pas de la déduction fiscale bien que nous soyons une association d’intérêt général.