L’Afghanistan dans la tourmente, le Haut-Karabagh en danger, et après !

L’Afghanistan est revenu à la une des médias depuis la déclaration du Président américain Joe Biden de retirer définitivement ses troupes d’ici le 11 septembre. Cela était attendu. Ce qui a le plus surpris les commentateurs qui suivent cela de très loin avec néanmoins beaucoup d’assurance, c’est l’offensive des Talibans qui ont pris rapidement le contrôle de nombreuses districts et postes frontières.

Quand on regarde une carte, ce qui apparaît, c’est que les zones qui leur échappent se trouvent autour de la ville d’Hérat, de la région centrale du Hazaradjat, de la vallée du Panshir et bien sûr de la capitale Kaboul avec d’autres poches ici et là. Dans les médias, on trouve beaucoup de clichés, de partis pris, de méconnaissance des réalités afghanes, mais heureusement aussi des informations utiles.

On est tenté de se dire, après 20 ans de présence américaine, de l’OTAN, de l’ONU et de guerre, « tout cela pour ça » avec les Talibans désormais à nouveau aux portes du pouvoir à Kaboul. Où se cachent les erreurs collectives qui ont dominé durant 20 ans ?

Dans l’immédiat, quelle va être la suite des événements cet été ? Si la solution militaire semble actuellement l’emporter sur la négociation politique, l’expérience passée nous enseigne qu’une guerre frontale à Kaboul serait dévastatrice pour les habitants et les infrastructures et causerait beaucoup de pertes de part et d’autre ainsi que des déplacements de population. Que vont faire les talibans ? Y aura-t’-il des pourparlers pour éviter le pire et à quelles conditions politiques ? Dans tous les cas, on peut penser que les Talibans chercheront à régler cela avant l’hiver.

Les talibans aux portes de Kaboul en septembre 1996, © Robert Nickelsberg

Par conséquent, la situation humanitaire va certainement se dégrader dans ce pays de 40 millions d’habitants dont la moitié est touchée par l’insécurité alimentaire. En effet, 80% de la population vit ou survit d’une agriculture de petits producteurs, gravement affectée par la sécheresse en cours, avec pour conséquence un enfant de 5 ans sur deux qui souffre de malnutrition ! Pour que les secours ne soient pas interrompus, les organisations humanitaires demandent aux belligérants de ne pas entraver l’accès de l’aide aux populations vulnérables et de ne pas menacer la neutralité et l’impartialité de ces organisations.

Le Haut-Karabagh en danger !

Les médias parlent beaucoup moins de l’Arménie, du Haut Karabakh et de l’Azerbaïdjan et pourtant il ne se passe pas un jour depuis des mois sans qu’il y ait des escarmouches aux frontières. L’un des incidents les plus importants s’est produit le 12 mai quand des centaines de soldats azerbaidjanais sont entrés en territoire arménien dans les régions de Guegharkounik et dans le Siounik. Depuis, tous les jours ou presque, on compte des incidents et des blessés.

Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, maintient une menace permanente pour pousser son avantage après sa victoire militaire à l’issue de la guerre des 44 jours qui s’est terminée le 9 novembre dernier après la défaite de l’Arménie qui a provoqué un véritable traumatisme dans sa population. Ce qui est en question, c’est le sort du Haut-Karabakh, appelé aussi Artsakh, enclavé et peuplé de plus de 100.000 arméniens.

La tension est encore montée d’un cran le 22 juillet quand le président Aliyev a déclaré à la télévision azerbaidjanaise qu’il n’y avait pas de Haut-Karabakh arménien ni de statut administratif spécial pour ce territoire qu’il appelle le Zanguezour oriental azéri. Ces déclarations sont inquiétantes en cela qu’elles pourraient être suivies d’initiatives militaires dangereuses. L’activité diplomatique est tout autant intense et implique surtout la Russie qui joue un rôle majeur avec 2400 soldats de la paix stationnés au Haut-Karabakh et qui dispose de bases militaires en Arménie dans le cadre d’un accord de défense. La France est aussi très présente avec les Etats-Unis qui suivent la situation de près ainsi que l’Union Européenne.

Visite de Recep Tayyip Erdoğan à Aliyev en Azerbaijan, 2020, ©Bureau présidentiel de presse et d’information d’Azerbaïdjan

Jeudi 29 juillet, après la mort de 3 soldats arméniens près du village de Sotk, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a affirmé jeudi qu’il allait demander le déploiement de « gardes-frontières russes » le long de la frontière avec l’Azerbaïdjan et le déploiement d’une mission d’observateurs de l’Organisation du traité de sécurité collective (Russie et cinq autres anciennes républiques soviétiques, dont l’Arménie).

Des organisations humanitaires et des fondations sont actives tant en Arménie qu’au Haut-Karabakh ou Artsakh pour répondre aux besoins des déplacés, des invalides dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la culture, du déminage et de la reconstruction notamment.

Le mois d’août avec Défis Humanitaires.

Dans cette édition, je vous propose trois articles sélectionnés pour leur grand intérêt parmi ceux que nous avons déjà publié. Il y a un article de Pierre Brunet, écrivain et humanitaire, « L’humanitaire est-il encore en mission » que je vous conseille et qui distingue l’humanitaire et l’entreprise en matière de finalité et de management. Alicia Piveteau, jeune journaliste, a publié un article très intéressant, « Le Sahel est une bombe démographique », qui alerte sur les enjeux urgents à anticiper relatifs à l’augmentation quotidienne d’une population jeune ayant besoin d’éducation et d’emploi. Enfin, Gilles Dorronsoro, universitaire et chercheur spécialiste notamment de l’Afghanistan, dresse un tableau de la situation dans un entretien décapant qui ouvre les yeux sur « Une si prévisible défaite ».

Enfin pour conclure.

Si ces articles vous intéressent et vous apportent une information et une réflexion utiles, je vous suggère de les partager avec vos amis, vos collègues, vos relations en leur adressant via le lien qui se trouve en-dessous de chaque article avec une petite icône qui représente une lettre.

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La prochaine édition vous attend le mardi 31 août.

Pour aller plus loin, vous pouvez écouter l’émission de RFI sur l’Afghanistan.

Alain Boinet.

 

 

 

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