L’Iran à court d’eau

Un film de Laurent Cibien et Komeil Sohani, écrit par Laurent Cibien, produit par Artline Films et diffusé sur ARTE.


Nous remercions Artline Films de son soutien pour la présentation de ce film sur Défis Humanitaires.

Le documentaire intégral (54 minutes) est disponible sur : https://vimeo.com/261061351/700af90c42


En 2017, 96 % du territoire iranien a souffert d’une sécheresse prolongée, selon l’Organisation météorologique iranienne. Cette « crise de l’eau »  est dorénavant un mal chronique, menaçant la stabilité nationale, voire régionale. Véritable autopsie des causes et des enjeux de la pénurie d’eau à travers l’étude du bassin de la Zayandeh Rud, « L’Iran à court d’eau » nous révèle la gravité de la situation et nous permet d’en mesurer les risques et les enjeux comme cela est également le cas dans d’autres régions du monde.

 La Zayandeh Rud, unique rivière permanente du plateau central de l’Iran

Dans cette zone aride et semi-aride où la tension constante entre les besoins et les ressources hydriques conditionne depuis toujours l’utilisation du moindre mètre cube d’eau, l’impact du réchauffement climatique contribue à faire voler en éclats le fragile équilibre sur lequel reposait le système social et économique. Déjà mis à mal par la forte augmentation des consommations urbaines, agricoles et industrielles, l’augmentation des températures de 1,8 degrés et la baisse du volume des précipitations de 20 % depuis 30 ans entraînent une inéluctable chute de l’offre en ressources hydriques, et la Zayandeh Rud se tarit.

Le facteur politique vient s’ajouter aux menaces du réchauffement climatique. Pour accéder au développement et à l’indépendance alimentaire, l’Iran a fait le choix, comme de nombreux pays de la région, de parier sur un mode de croissance à l’occidental très consommateur en eau. Construction de barrages, cultures de denrées voraces en eaux, industrialisation à un rythme effréné… Ce sont autant de mesures qui, si elles ont su à court terme remplir les objectifs de développement, se retournent contre le régime qui ne dispose à présent ni des ressources pour poursuivre sa croissance, ni de celles nécessaires pour entretenir le niveau de développement qu’il a pu ainsi atteindre. Bien que ce problème soit connu, aucune politique alternative n’est mise en place. Alors que le système de la gestion des eaux nécessite d’être repensé face au niveau croissant de stress hydrique, le danger réside dans la difficulté, tant structurelle que politique, de réaliser la transition entre l’actuel paradigme dépassé et la construction d’un nouveau modèle de développement durable iranien pour les prochaines décennies.

L’exemple de la région de la Zayandeh Rud est une illustration saisissante de la situation en Iran, mais elle peut également se décliner à la Syrie, à l’Irak, à l’Egypte, au Bangladesh … Soumis à des enjeux comparables, poussés par un besoin de développement et de sécurité, ces politiques atteignent leur point de rupture. Un nouveau défi se présente à elles : parvenir à intégrer, dans une vision à plus long-terme, l’urgente question de l’eau à leurs ambitions respectives.

 

Par Camille Julienne.

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