Nous avons rencontré Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et européennes, …

… qui nous a annoncé qu’il recevrait dorénavant chaque année les dirigeants des ONG humanitaires et qui a donné son accord à la mise en place d’un groupe de concertation entre elles et les pouvoirs publics.

 

Laurent Fabius a reçu les responsables des organisations humanitaires jeudi 4 octobre. Onze d’entre elles lui avaient écrits cet été pour demander à le rencontrer après qu’il eut décidé d’adopter une « stratégie humanitaire de la République Française ».

 

Stratégie qui est l’aboutissement d’un processus qui a débuté avec le rapport humanitaire dit Boinet-Miribel (que l’on trouve ici sur ce blog) en mars 2009, la Conférence Nationale Humanitaire en novembre 2011, l’adoption d’une stratégie en juillet 2012. Cette réunion avec le ministre constituait donc une nouvelle étape dans les relations entre les pouvoirs publics et les principaux acteurs humanitaires en France.

 

Seize organisations humanitaires étaient représentées (liste ci-dessous) par leurs principaux dirigeants et nous avons d’abord parlé de concertation puis de la Syrie et du Mali avec Laurent Fabius.

 

Après l’intervention liminaire du ministre qui s’est exprimé par ailleurs à de nombreuses reprises, j’ai présenté les attentes et les propositions répondant aux vœux de la plupart des acteurs humanitaires en soulignant à la fois le potentiel d’action humanitaire que ces organisations représentent tout autant que leur légitimité, leur représentativité, leur expérience, leur savoir faire.

 

Pour nous, acteurs humanitaires, la stratégie de la France élaborée en concertation avec nous, est un progrès notable qui doit conduire à des améliorations concrètes en matière humanitaire.

 

Dans cette concertation, chacun doit être dans son rôle et ses responsabilités. L’État n’est pas une ONG et celles-ci ont des principes et des pratiques, particulièrement l’indépendance au service de l’impartialité des secours basés sur les seuls besoins vitaux des populations en danger, basées notamment sur le Consensus Européen sur l’Aide Humanitaire.

 

D’autres participants sont intervenus, notamment Jean louis Viélajus, président de Coordination sud,  Benoit Miribel, président d’ACF,  Marie Pierre Allié, président de MSF ou encore de Philippe Lévêque de CARE France.

 

Pour l’essentiel, que faut-il retenir de cette réunion ?

 

Le ministre a indiqué qu’il réunirait une fois par an les dirigeants des ONG humanitaires et Coordination Sud.

 

Il a également donné son accord à la mise en place d’un groupe de concertation humanitaire, laissant le soin aux participants d’en fixer les modalités et le calendrier avec le Centre de Crise du Quai d’Orsay.

 

Sur la question du financement, le ministre a rappelé le principe du doublement en 5ans de la part de l’APD bilatérale qui transite par les ONG de solidarité. Il a confirmé que les ONG humanitaires en seraient aussi destinataires et qu’il veillerait à ce quez l’affectation se fasse de manière transparente.

 

En réponse à nos autres préoccupations, Laurent Fabius nous a également indiqué :

– Qu’il serait vigilant sur la question de la fiscalité des dons lors du débat parlementaire.

– Que la loi du 27 juillet 2010, article 22, sur la responsabilité et la sécurité des français à l’étranger dans les régions troublées ne s’appliquaient pas aux humanitaires.

 

Le ministre a fait un point précis sur l’état de la négociation portant sur l’établissement au niveau européen de la taxe sur les transactions financières qui devrait être affecté en France à hauteur de 10% pour l’APD (Aide publique au Développement) qui intègre l’humanitaire.

 

Concernant la Syrie et le Mali, le ministre s’est longuement exprimé sur ses deux crises majeures.

 

En résumé, en Syrie,  le blocage diplomatique qui prévaut et la militarisation du conflit risque très probablement de provoquer un afflux de nouveaux déplacés et réfugiés à la veille de l’hiver.

 

Concernant le Mali, le ministre nous a annoncé qu’il y aurait plusieurs résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies permettant une intervention militaire (armée malienne, CEDEAO, ONU) sous chapitre 7,  à laquelle la France apporterait son soutien pour reprendre le contrôle du nord Mali. La persistance de la crise et la nouvelle phase de conflictualité à venir devraient entrainer une aggravation de la situation humanitaire pour de nombreux maliens.

 

En conclusion, il s’agit maintenant pour les organisations humanitaires reçues par le ministre de s’organiser efficacement entre elles pour déterminer comment elles veulent se concerter avec le Centre de Crise et les pouvoirs publics, quelles sont les questions sur lesquelles elles souhaitent travailler et avancer  et avec quelle méthode et organisation.

 

> Lettre envoyée à Laurent Fabius

> Liste des organisations humanitaires présentes lors de la rencontre avec Laurent Fabius le 4 octobre 2012

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